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Laurent Joffrin publie dans libération un éditorial intitulé “Pathologique”.

La paranoïa antimusulmane d’une partie de l’opinion atteint désormais une dimension pathologique. Le mal n’est pas limité aux électeurs. Un certain nombre de responsables, Nicolas Sarkozy au premier chef, y ont également succombé.

Obliger des élèves à les enfreindre ou à jeûner n’a d’autre effet que d’humilier une religion et désigner ses fidèles comme une minorité importune. C’est défigurer la laïcité, principe de neutralité et de tolérance, qu’on veut changer en arme d’exclusion dirigée contre nos compatriotes musulmans. C’est défendre une conception fermée, immobile, archaïque de l’identité française, alors même que cette identité repose aussi, depuis la Révolution, sur l’ouverture au monde, la tolérance envers les minorités et l’universalité des droits de l’homme. Et de l’enfant.

Dans un accès de zèle qui confine à la xénophobie, ils proposent maintenant d’interdire à l’école les menus de substitution qui permettent aux enfants de culture musulmane – ou de culture juive – de ne pas manger de porc à la cantine. Chacun comprend la nécessité d’appliquer avec fermeté les lois laïques dans une société traversée par les querelles intercommunautaires.

On peut aussi admettre, sinon approuver, cette tactique consistant à user de certains symboles identitaires pour contenir la progression du Front national, comme Nicolas Sarkozy l’a fait avec un certain succès en 2007. Il s’agit maintenant de tout autre chose.

En dénonçant les «menus de substitution» en vigueur dans de nombreuses écoles, que fait le président de l’UMP, sinon s’attaquer à des enfants dans l’espoir d’atteindre les familles ? Le Front national lui-même, dans les municipalités qu’il dirige, a maintenu les menus sans porc ! Il n’est écrit nulle part dans les lois françaises que les enfants sont contraints de manger du cochon sous peine d’apparaître comme de mauvais citoyens. Les interdits alimentaires sont divers dans le monde et profondément enracinés. Ils ne font de mal à personne.

Libération

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