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Avec le premier tour des élections départementales, dimanche, le FN s’est implanté dans l’Ouest et son électorat s’est diversifié, touchant davantage les milieux aisés. Des nouveaux réservoirs de voix mobilisables à l’occasion de la prochaine présidentielle. Le point avec les chercheurs de l’Observatoire des radicalités politiques (Orap) de la Fondation Jean Jaurès, à l’occasion d’une conférence de presse.

Une autre surprise, propre à ce scrutin : ce ne sont pas les classes populaires qui ont porté haut le FN dimanche. “Le parti réussit à renouer avec la bourgeoisie petite et moyenne”, explique le patron de l’Orap. Et son collègue Joël Gombin de compléter : “En Ile-de-France par exemple, ce sont dans les bastions sarkozystes de 2012, notamment dans les Hauts-de-Seine, que le FN a le plus progressé.” “Cela ne veut pas dire que les classes populaires ne voteront pas FN à la prochaine présidentielle”, complète le chercheur.

La progression du vote frontiste observée dimanche soir est pourtant une réalité. Mais elle n’a pas eu lieu là où elle était attendue. Jusqu’à aujourd’hui, le FN, installé depuis vingt ans dans le Sud-Est, a réussi à conquérir le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et la Lorraine. Nouveauté du scrutin de dimanche, le Front national s’implante désormais dans l’Ouest. “On observe, en Mayenne (19,7%), au Finistère (15,73%) ou en Loire-Atlantique (18,3%), des scores jamais égalés par le FN“, note Jean-Yves Camus, le politologue qui dirige l’Orap.

Les Pays-de-la-Loire et la Bretagne sont-ils en train de se radicaliser? “Il y a, dans ces régions en relative bonne santé économique, un regain de démographie et l’installation, depuis 2010, de nouveaux électeurs, dont certains votaient FN“, explique Jean-Yves Camus qui ajoute : “La crise agricole qui touche les filières bretonnes, malgré le retour de la croissance dans la région, donne des arguments au FN.

Paradoxalement, les populations rurales n’ont pas davantage voté en faveur des partis d’extrême droite. Le vote frontiste s’est en effet tassé dans ces territoires. Joël Gombin, qui travaille en Picardie, a ainsi étudié en détail les résultats des trois départements de sa région : “Le FN se stabilise, voire baisse, dans toutes les zones périphériques. En revanche, à l’exception de Villers-Cotterêts (Aisne), il progresse nettement dans tous les cantons urbains et aisés.” A Chantilly (27,06%) comme à Compiègne (28,92% et 26,64% pour ses deux cantons), des villes aux populations plutôt aisées, le Front national n’a jamais fait des scores aussi élevés. […]

L’implantation du Front national est bien en marche, mais l’inconnue d’un scénario frontiste conduisant vers la victoire en 2017 reste totale.

Le JDD

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