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Ces collégiens connaissent maintenant le chemin par cœur. C’est la troisième fois depuis la rentrée qu’ils se rendent au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, à Paris. Leur professeur d’histoire-géographie, Marianne Chataignier note que c’est par un « heureux hasard », que cette visite, consacrée à la mémoire des lieux, se déroule en cette semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme. Car cette sortie scolaire est le fruit d’un long travail de l’enseignante contre les stéréotypes et préjugés racistes.

Ses élèves de 3e du collège Auguste-Renoir d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) écoutent, attentifs, la guide leur raconter que les épaisses portes cochères de l’hôtel particulier de Saint-Aignan ont abrité, avant ce musée, une histoire pesante : la rafle, en 1942, de ses habitants, des juifs ashkénazes arrivés une dizaine d’années plus tôt, qui travaillaient dans les ateliers du rez-de-chaussée et vivaient en famille sous les moulures des étages. Cordonniers, tanneurs, chapeliers, ils ont été déportés au camp de transit de Pithiviers, puis vers les camps d’extermination. Sur les colonnes qui encadrent l’entrée du bâtiment, un élève remarque des lettres effacées : « chapeaux ». Elles indiquaient l’emplacement des établis saccagés par les nazis.

Marianne Chataignier n’a pas attendu les attentats de janvier en Ile-de-France, et les polémiques sur la minute de silence, pour agir contre le racisme avec ses élèves. Sa révolution pédagogique, elle l’a débutée en 2012, quand une poignée d’élèves de 3e, remontés après un sévère conseil de classe, sont arrivés en cours le bras tendu, en mimant le salut nazi. « A ce moment-là, j’ai su qu’il fallait trouver une solution rapidement pour éviter que leur attitude contamine une classe déjà difficile », explique-t-elle.

Les provocations se multipliaient depuis plusieurs semaines déjà, à travers une photo d’Hitler saluée d’un « v’la le beau gosse ! » ou un refus permanent d’évoquer la Shoah pour ne pas devoir prononcer le mot « juif ». « J’ai décidé de monter le projet “connaissance de l’autre” pour offrir un bagage culturel et historique à mes élèves et leur permettre de lutter contre les stéréotypes racistes dont ils sont parfois eux-mêmes l’objet. »
Marianne Chataigner, enseignante de 3e discute avec ses élèves.

L’enseignante a démarré le projet sur son temps personnel : une formation à l’université d’été du mémorial de la Shoah…

Le Monde

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