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Le Musée de l’immigration a été la cible d’une campagne d’affichage en faveur de la «re-migration», une idée propre aux thèses extrêmistes.  […] Pour Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême-droite française, le lieu ciblé est l’expression du fossé qui s’est créé depuis les années 90 entre les partis d’extrême-droite et la culture.

 

Nicolas Lebourg est historien. Chercheur à l’Université de Perpignan Via Domitia et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, il a publié de nombreux travaux sur les extrêmes-droites. […]

Quel rapport existe-t-il entre la culture et l’extrême-droite?

C’est une question délicate. La culture est une vaste conception. L’extrême-droite a une grande aisance dans la culture populaire. L’extrême-droite considère l’art contemporain en particulier, comme par exemple le Tree de Paul McCarthy installé récemment sur la place Vendôme, comme un entre-soi, une désaffectation, une arrogance. Une détestation de cet art est né, les militants d’extrême droite développent une détestation du «lieu culturel subventionné», ils font de même en utilisant les termes de l’«immigré assisté». Les partis d’extrême-droite vont favoriser la culture populiste en opposition à cette culture «subventionnée» et «méprisante».

Ce fossé entre la culture et l’extrême-droite a-t-il toujours existé?

On a eu une extrême-droite française intellectuelle avec des figures ayant un très haut niveau de culture comme Charles Maurras, Maurice Bardèche. Ces écrivains ont une grande finesse intellectuelle et sont profondément d’extrême-droite. On constate une baisse de niveau globale concernant la culture des hommes politiques d’extrême-droite, mais ils ne sont pas les seuls, la baisse de niveau concerne les hommes politiques de tous les bords. En trente ans, les questions et les débats théoriques au sein de l’extrême-droite comme ailleurs ont laissé place aux répétitions de slogan. […]

À quoi est due cette rupture?

Cette rupture est liée à la prolétarisation du courant dans les années 90. A l’intérieur du secteur culturel, le taux de pénétration des idées d’extrême-droite est faible. On perçoit un certain mépris pour les électeurs d’extrême-droite. Ils ne sont plus vraiment vus comme des électeurs mais des «beaufs». Le monde culturel et celui de l’extrême-droite ne se comprennent pas, ce qui n’était pas le cas auparavant. Plus les électeurs ont de capital culturel normé (les diplômes), moins ils voteront pour les partis d’extrême-droite.

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