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Si vous avez faim, n’entrez surtout pas dans un magasin, même un magasin qui ne vend pas de nourriture. Une étude de chercheurs en marketing publiée en janvier et relayée par le New Yorker explique en effet que la faim nous pousse à acheter tout ce qui nous tombe sous la main.

Les auteurs de cette étude ont demandé à 63 étudiants de ne rien manger pendant 4 heures, avant de donner de la nourriture à la moitié d’entre eux. Les chercheurs ont ensuite proposé aux volontaires autant de pinces de bureau qu’ils voulaient en leur demandant à quel point ils les appréciaient.

Les participants qui n’avaient pas mangé n’étaient pas plus intéressés par ces objets que les autres, mais ils sont repartis avec 70% de pinces en plus que ceux qui étaient en état de satiété.

Les chercheurs ont également interrogé 81 personnes qui sortaient d’un centre commercial et ont découvert que les consommateurs les plus affamés avaient dépensé jusqu’à 60% de plus que ceux qui ne l’étaient pas. La conclusion de l’étude est que «la faim rend l’idée et le comportement d’achat plus attirant». 
Mais la faim a beaucoup d’autres conséquences sur notre comportement. Elle nous fait par exemple prendre des décisions plus audacieuses, comme l’affirmaient en 2014 des chercheurs de l’université d’Utrecht (Pays-Bas). Selon eux, les personnes affamées réussissaient mieux le Iowa Gambling Task, un test psychologique sur la prise de décision, et la faim pouvait donc pousser les personnes à «compter sur leur instinct» dans les situations difficiles.

Le New Yorker raconte de plus que chez certains animaux, comme les rongeurs, la faim réveille un instinct de survie qui accroît leur perception sensorielle et accélère le processus mental. Une expérience de l’université de Yale a démontré que lorsqu’on injectait à des souris l’hormone de la faim, la ghréline, celles-ci s’orientaient plus rapidement dans un labyrinthe que leurs comparses mieux nourries.

Avoir faim a beau nous rendre plus performants sur certains points, cela nous met surtout de mauvaise humeur. Le New Yorker fait état d’une expérience menée en 1946, la Minnesota Starvation Experiment, dans laquelle des hommes ont été affamés durant six mois dans le but d’élaborer des traitements pour les Européens qui avaient souffert de malnutrition. Le test a démontré une connexion très forte entre la faim et la colère.

Et ce n’est pas tout. Une étude publié le 5 mars par des chercheurs de Yale et évoquée par Domain D explique qu’en l’absence de nourriture, les neurones qui contrôlent l’appétit développent des comportements répétitifs, comme des TOC.

L’équipe a testé le comportement de souris après l’activation des neurones qui contrôlent la faim et ont découvert que l’absence de nourriture poussait ces animaux à répéter sans cesse les mêmes activités, comme se toiletter ou enfouir des billes.

Selon eux, ce comportement n’est pas dû à l’anxiété: le docteur Marcelo Dietrich, qui a participé à l’expérience, en conclut que «ces observations prouvent la relation entre les régions du cerveau liées à l’action de manger et d’autres comportements complexes.»

Slate

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