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Roger Martelli , codirecteur de «Regards» appelle dans une tribune à “se guérir de l’obsession identitaire. C’est un ancien membre de la direction du Parti communiste.

Le peuple ne se dresse pas contre un système ou pour une autre logique sociale, mais pour protéger son «identité». «Eux» et «nous», «chez eux» et «chez nous». Le piège se referme. L’extrême droite est aux manettes.

La ressource publique se rétractant, on ne pourrait plus «accueillir toute la misère du monde» et il faudrait cibler les prioritaires : les natifs plutôt que les étrangers, les autochtones plutôt que les allogènes.

L’espace politique, l’actualité éditoriale, les controverses intellectuelles sont rythmés par une production inquiétante. D’Alain Finkielkraut jusqu’à Michel Houellebecq en passant par Eric Zemmour, la même complainte est reprise à l’infini : nous ne sommes plus «chez nous». […]

Le problème est qu’une fraction de la gauche est engagée sur un terrain voisin. Contre le FN, et en fait comme le FN, une gauche qui se dit «populaire» entend reprendre le drapeau du peuple abandonné. Mais quel peuple ? Christophe Guilluy nous explique que la gauche s’est trop préoccupé des banlieues (immigrées et colorées) au détriment du peuple majoritaire (autochtone et blanc) de la «France périphérique». Laurent Bouvet nous suggère que, pour ne pas heurter la «majorité», les «minorités» doivent cultiver leur invisibilité et que le vote des étrangers n’est plus d’actualité. La pauvreté ne pouvant se réduire, divisons le peuple et surveillons les pauvres, dit la droite. Dans une société en panne de redistribution, les demandes excessives des minorités sont la source du désordre, dit une partie de la gauche. Salauds de pauvres ; salauds de minoritaires. Ajoutons, en arrière-plan, cet autre avatar de toute pensée de droite : la droite et la gauche n’ont plus de sens. La gauche est morte : tant mieux, nous dit Jean-Claude Michéa, réputé «radical». […] Dans un monde inégal et instable, où la guerre des civilisations frôle en permanence la guerre tout court, intérieure ou extérieure, il n’y aurait pas d’autre impératif que de se protéger, derrière les murs des communautés imaginées, majoritaires comme minoritaires. […] Libération

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