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Analyse de Xavier Alonso correspondant à Paris de la Tribune de Genève sur l’élection législative partielle dans le Doubs.

Si le PS et l’UMP veulent faire illusion en 2017, ils doivent à tout prix réapprendre à parler à cette France périphérique qui pèse 60% de la population française.

Après le résultat de l’élection partielle dans le Doubs de dimanche dernier, la France politique s’est réveillée avec une fameuse gueule de bois. Une de celles qui n’est pas sans rappeler, pour l’expatrié de la Berne fédérale, un lendemain d’initiative populaire où le peuple, contre tous les mots d’ordre d’une majorité de la classe politique, décide de n’en faire qu’à sa tête. Un de ces coups de semonce que les laissés-pour-compte, les réticents de la mondialisation et les oubliés de la prospérité s’offrent de temps à autre. On songe au texte de Minder et évidemment à l’initiative contre l’immigration de masse de l’UDC d’il y a tout juste une année. […] La candidate du FN avec ses 48,5% et contre elle tout un front républicain, aussi lézardé soit-il, a montré la volonté de sanction de beaucoup de citoyens français aux partis gouvernementaux.
Il y a surtout cette fracture ville-campagne qui a le parfum d’un dimanche de votation fédérale avec lequel sait si bien composer l’UDC. Si dans le Doubs le candidat du PS a réussi à s’imposer d’un court 51,5%, il le doit un peu au report de voix des centristes et de l’UMP, pour un zeste à la participation en hausse due à la remobilisation de l’électorat de gauche, mais surtout à ses bons résultats dans les zones urbaines en modèle réduit. C’est dans les seize plus grandes communes des cinquante-six que compte cette circonscription que le PS creuse la différence.
Dans les petites communes, le FN règne en maître et seigneur. En dessous de 1000 électeurs inscrits, c’est toujours la candidate du FN qui emporte le duel avec des scores au-delà de 55% et qui s’envolent parfois au-delà des 60%. Cette France des petits villages et des campagnes, peuplée de retraités, d’agriculteurs, d’artisans et de petits indépendants qui vit son quotidien loin des métropoles productives et mondialisées s’exprime par la défensive. Un repli sur soi peut-être mais aussi une réponse au seul parti qui lui parle avec bienveillance. C’est la France périphérique, abandonnée de tous, dont traite le géographe Christophe Guilluy dans ses deux derniers ouvrages.
TDG

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