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Victime de harcèlement, une adolescente juive a dû quitter l’athénée Emile Bockstael, à Laeken. le quotidien belge Le Vif parle d’école “judenfrei”.

“Aujourd’hui, j’en arrive à me culpabiliser de l’avoir laissée dans cette fosse aux lions.” déclare son père. Car, comme tous les enfants, Sarah ne lui avait pas raconté les petites vexations qu’elle subissait au quotidien de la part de certains camarades musulmans.

“Seul l’aîné de leurs trois fils avait pu terminer ses études dans cet établissement bruxellois en suivant le cours de religion juive. C’était une autre époque, une autre population scolaire.

Dans cet établissement secondaire de la Ville de Bruxelles, à Laeken, il n’y a pas eu de manifestations ni de pétition pour s’inquiéter de l’absence de Sarah (prénom d’emprunt), lors de la rentrée de septembre 2014. A 15 ans, elle aurait dû être en 4e latin-sciences avec tous ses camarades. C’était la dernière élève juive de l’athénée Emile Bockstael. Elle a rejoint la cohorte de ces jeunes juifs forcés, pour des raisons de sécurité, de migrer vers l’enseignement libre confessionnel. Le réseau public ne parvient plus à garantir le “vivre ensemble” entre ses murs. Du coup, les trois grandes écoles juives de la capitale sont submergées de demandes mais n’ont pas les moyens d’accueillir 30 ou 40 nouveaux élèves par an, surtout lorsque ceux-ci arrivent en cours d’année scolaire. La question se pose : doivent-elles s’agrandir alors que de nombreuses familles juives doutent de leur avenir dans le royaume de Belgique ? L’opinion publique et le pouvoir politique se mobilisent-ils vraiment contre l’antisémitisme ? Beaucoup d’incertitudes planent. […]

Tout s’est emballé après l’attentat antisémite du musée juif de Belgique, le 24 mai 2014. Le 30 mai, une minute de silence a été observée dans tous les treize établissements secondaires de la Ville de Bruxelles en mémoire des quatre victimes de Mehdi Nemmouche. Le bourgmestre Yvan Mayeur (PS) et son échevine de l’Instruction publique, Faouzia Hariche (PS), ont fait lire un très beau texte sur les valeurs de l’enseignement bruxellois. Cela n’a pas empêché un élève de Bockstael d’écrire sur son mur Facebook : “Si j’avais été là, j’en aurais tué plus.” Il a été renvoyé immédiatement. Le préfet des études a convoqué tous les parents des élèves qui avaient approuvé cette phrase. La direction de l’école n’a pas transigé. […]

Un premier contact, d’abord épistolaire, a lieu entre le président de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA) et Faouzia Hariche, échevine de l’Instruction publique. Commence alors une valse à plusieurs temps. La toile de fond est sans équivoque : la Ville de Bruxelles s’est engagée institutionnellement contre le racisme et l’antisémitisme. Mais de la parole aux actes, il y a une marge pour plus ou moins de sensibilité. Aujourd’hui, Faouzia Hariche est désolée d’avoir laissé le mail de la mère de Sarah sans réponse : “Je n’ai pas vu ce courrier, explique-t-elle. Il a sans doute été noyé dans la masse de ceux que j’ai découverts à mon retour de vacances, le 25 août.“[…]

Le Vif

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