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Les habitants de Roubaix, la ville de France avec la plus forte proportion de musulmans, se sentent trahis par le dessin en une du journal.

“Trahison”.

Tel était le mot présent sur de nombreuses lèvres à Roubaix, la plus musulmane des villes de France après qu’une caricature du prophète Mahomet ait été mise en une de “l’édition des survivants” du magazine Charlie Hebdo.

“Ils avaient une chance de calmer les choses mais au lieu de cela, ils ont décidé de jeter de l’huile sur le feu”

affirme Bad, un algérien de 31 ans travaillant dans un magasin de téléphones portables dans le quartier le plus maghrébin de l’Epeule.

“J’ai été à la marche de l’unité nationale de dimanche, et j’ai condamné la violence. Mais le magazine continue et met ce blasphème sur sa première page. Je me sens trahi. Ils ne font que mettre plus de haine dans le cœur des extrémistes”.

Telle était la réaction de base des personnes interrogées à Roubaix par le Telegraph, une ville de 95 000 habitants à proximité de la frontière belge.

La ville était autrefois un prospère centre de manufacture textile qui a connu dans les années 60 un afflux de travailleurs, pour beaucoup originaire des colonies d’Afrique du Nord. Mais les usines ont maintenant fermé depuis longtemps et aujourd’hui, la ville est l’une des plus pauvres de France, avec un taux de chômage de près de 30%, trois fois la moyenne nationale.

La France possède la communauté musulmane la plus importante d’Europe, estimée à plus de 5 million de personnes, et Roubaix est la ville qui compte la plus grande proportion de musulmans parmi ses habitants avec près de 20 % du total.

Selon le chef l’UKIP (le parti de l’indépendance britannique), Nigel Farage, certaines villes françaises possèdent des quartiers qui sont devenus des “zones interdites” où les non musulmans et même la police ne peuvent pénétrer.

Cette semaine, quelqu’un a écrit :

” Charlie – 12 morts – mission accomplie”,

en lettres géantes sur un mur de la ville et la une des journaux locaux titrait mercredi :” atmosphère tendue à Roubaix après les attaques”.

Mais le maire, Guillaume Delbar, a quant à lui insisté sur les bonnes relations qui existent entre l’importante communauté musulmane de la ville et les autres habitants et sur le fait que les principaux problèmes de Roubaix étaient la pauvreté et le crime, pas les tensions confessionnelles.

Un point de vue partagé par les résidents interrogés par le Telegraph. Mais la communauté musulmane de Roubaix se sent blessée.

“On applique deux poids deux mesures. Regardez le cas Dieudonné”

dit Samir qui se tient devant la boutique d’un barbier de la rue de Lannoy qui au même titre que le quartier nord-africain de L’Epeule est affecté par la petite délinquance et le trafic de drogue et où la police hésite à entrer.

Mercredi, il a fait l’apologie du terrorisme en publiant sur sa page Facebook “ce soir… je me sens Charlie Coulibaly” – associant le slogan populaire utilisé en hommage aux victimes de la tuerie de Charlie Hebdo “je suis Charlie” avec le nom du tueur islamiste Amedy Coulibaly.

Coulibaly avait vendredi, tué 4 juifs dans un supermarché et une policière la veille.

“Dieudonné a fait une plaisanterie et ils l’ont arrêté. Mais le gouvernement ne fait rien pour mettre un terme aux blagues de Charlie Hebdo sur le prophète”

dit Samir, ajoutant qu’il a également vu le dessin de Mahomet comme une incitation au terrorisme”.

Interrogé sur les propos de Nigel Farage, le maire, qui est habitué à la mauvaise réputation de sa ville a souri et répondu : “ça n’a tout simplement pas de sens”.

Il a affirmé qu’il y avait quelques zones dans la ville où la police s’aventurait rarement, mais que cela était dû au niveau élevé de la criminalité et de l’hostilité aux lois mais n’avait rien à voir avec la religion.

“Décrire ces quartiers ou ces zones comme le territoire d’une communauté particulière, c’est une façon très anglo-saxonne de voir les chose” a t’il ajouté.

Les rues bordées de bâtiments en briques rouges de L’Epeule et de Lannoy présentent des librairies islamiques et des magasins de vêtements, des boucheries halal, des femmes voilées et des hommes en djellaba.

Mais il y a aussi des cafés, des bars et des boulangeries comme dans n’importe quelle grande rue française, et les immigrés nord-africains se mêlent librement aux français de souche.

Interrogé pour savoir si L’Epeule était une zone musulmane “interdite”, un jeune répond : “c’est juste des conneries qui font marrer”.

La dernière couverture du magazine – la première édition depuis l’attaque de mercredi dernier durant laquelle 12 personnes ont été tuées dans ses bureaux – montre un Mahomet larmoyant portant un écriteau où est inscrit :” Je suis Charlie” avec ces mots au-dessus de lui : “Tout est pardonné”.

“C’est une insulte à toute la communauté musulmane”

dit Bab, l’employé du magasin de téléphonie.

Un autre jeune en train de se rouler un joint à un coin de rue du quartier de L’Epeule affirme qu’il était convaincu que l’attaque de Charlie Hebdo avait été organisée pour tourner les français contre les musulmans.

“Ils haïssent les musulmans, ils ne veulent pas de nous dans leur pays” dit il.

Les représentants français des musulmans ont appelé leur communauté à demeurer calme et à éviter les réactions émotives” à la dernière édition de Charlie Hebdo.

Mais ils ont aussi dit qu’il devait être fait davantage pour protéger et assurer la sécurité des sites musulmans après qu’une vague d’attaques sans précédent ai touché des sites islamiques dans la semaine qui a suivi l’assaut meurtrier des islamistes radicaux.

La France a déployé ses forces de l’ordre et appelé 10 000 soldats pour prévenir de nouvelles attaques,

mais les synagogues et les écoles juives restent bien plus protégées que les mosquées.

Hier, à la mosquée Bilal de L’Epeule à Roubaix, il n’y avait aucun signe de policier ou de militaire.

“Les juifs sont protégés, mais ils doivent nous protéger également”

dit Mohamed, qui travaille à la Mosquée.

Il dit aussi avoir été offensé par la couverture du dernier Charlie Hebdo. Mais au moins dit il, cette représentation du prophète n’est pas vulgaire”.

“Avant, ils avaient l’habitude de le montrer nu ou avec une bombe sur son turban”.

telegraph.co.uk

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