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[extraits] Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Bernard Maris… On annonce dix morts, dont deux policiers, des blessés en nombre, “une boucherie”. Les choses ne font que commencer…

Charlie Hebdo est, avec Siné Hebdo ou Le Canard enchaîné, l’honneur de la presse. Cette presse dit tout haut avec humour, ironie ou cynisme, ce que beaucoup pensent tout bas. La satire lui permet de dire ce que le politiquement correct de notre époque interdit de faire savoir.

Dans le restant de la presse, on peut crucifier le chrétien, c’est même plutôt bien porté, mais il faut épargner les rabbins et les imams. À Charlie, la soutane, la kippa et la burka sont également moquées. Faudra-t-il écrire “étaient” ?

(…) Un journaliste égyptien à i>Télé précise avec fermeté qu’on va encore mettre tout cela sur le dos des musulmans !  Même à cette heure, l’attentat ayant lieu à Charlie, qui a publié les “caricatures” de Mahomet et qui est menacé pour cela depuis des années, je vois mal comment on pourrait incriminer Raël ou les véganes ! Mais déjà pointe l’insulte islamophobe contre quiconque va affirmer que le réel a eu lieu !

Les éléments de langage invitent à dépolitiser les attentats qui ont eu lieu avant Noël : des fous, des déséquilibrés, des dépressifs fortement alcoolisés au moment des faits.

Même s’ils crient “Allah Akbar” avant d’égorger un policier, ça n’a rien à voir avec l’islam.

Les familles des tueurs en rajoutent en protestant de la gentillesse de leur fiston criminel et l’on passe en boucle leur témoignage. Pour prendre un exemple, Rue 89 parle de “l’attaque présentée [sic] comme terroriste [re-sic]” à Joué-lès-Tours… Dormez bonnes gens. Circulez, il n’y a rien à voir…

(…) La dépêche de l’AFP tombe : l’un des tueurs a crié “Nous avons vengé le Prophète.” Plus tard, une vidéo passe en boucle et on entend très bien cette phrase. Le journaliste égyptien n’est plus là pour nous dire que ça n’a rien à voir avec l’islam, mais c’est ce que diront nombre d’autres personnes qui se succèdent à l’écran.

L’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi déclare : “Nous sommes les premières [sic] victimes” sur LCI à 14 h 17. En effet, les musulmans sont les premières victimes et passent avant Cabu, avant Charb, avant Wolinski, avant Tignous, avant Bernard Maris, avant les deux policiers, avant les blessés en nombre… Avant leurs familles, avant leurs enfants, avant leurs amis.

La litanie du “ça n’a rien à voir avec l’islam” continue. Droite et gauche confondues. Avec quoi alors ? Il n’est pas même possible de dire que ça a à voir avec un dévoiement de l’islam, avec une défiguration de l’islam, avec une fausse et mauvaise lecture de l’islam ? Non : rien à voir, on vous dit.

C’est comme l’État islamique, qui n’a tellement rien à voir avec l’islam qu’il faut dire Daesh, parole de Fabius. Dès lors, l’État islamique ne massacre pas puisque, comme la théorie du genre, ça n’existe pas ! Daesh, on vous dit.

Mais que veut dire Daesh ? C’est l’acronyme d’État islamique en arabe. Abracadabra… (…)

Un bandeau défile en bas de mon écran : Marine Le Pen dénonce “un attentat terroriste commis par des fondamentalistes islamistes”. Pourquoi une fois de plus le personnel politique, suicidaire, lui laisse-t-il le monopole des mots justes sur des situations que tout le monde comprend ?

C’est en effet “un attentat terroriste” et il a été effectivement perpétré “par des fondamentalistes islamistes”. Quiconque le dira désormais va passer pour un lepéniste !

(…)  Le succès de Marine Le Pen vient beaucoup du fait que, mis à part son programme, dont je ne parle pas ici, elle est en matière de constats l’une des rares à dire que le réel a bien eu lieu. Hélas, j’aimerais que cette clarté sémantique soit aussi, et surtout, la richesse de la gauche. […]

Trois hommes peuvent, avec chacun une kalachnikov et un lot de voitures volées, décapiter un journal, mettre la France à genoux, montrer notre pays saigné à la planète entière, décimer le génie du dessin satirique français et n’obtenir pour toute réponse du chef de l’État qu’un : “Rassemblons-nous !”

(…)

France Inter invitait mercredi matin Michel Houellebecq pourSoumission. Plus personne n’ignore désormais que ce roman se déroule dans une France islamisée. Le politiquement correct lui reprochait depuis plusieurs jours d’annoncer une guerre civile, et une humoriste – c’est du moins ce que l’on dit d’elle – a même rioché plusieurs fois avant de dire que la guerre civile annoncée pour dans quinze ans, si elle devait arriver un jour, serait un pur produit de ce roman !

Paf, trois heures plus tard, le roman futuriste de Houellebecq racontait notre présent. Mais c’est lui qui était responsable, bien sûr, de ce qui advenait.

Ce mercredi 7 janvier est un jour qui inaugure une ère nouvelle, hélas ! Quand les trois tueurs tomberont, soit dans leur sang, soit dans un panier à salade, trois autres se lèveront. Et quand ces trois-là tomberont, trois autres à nouveau.

Le Point

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