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La communauté musulmane se sent «prise entre deux feux convergents qui s’alimentent» selon Libération : l’éruption d’un “islam fanatisé” et la montée en puissance de la «fachosphère».

Ghaleb Bencheikh confie son désarroi de se trouver «pris entre deux feux convergents qui s’alimentent l’un l’autre : en interne, nous devons faire face à des fanatiques qui pervertissent le message et l’idéal religieux ; à l’extérieur, des intellectuels et des polémistes n’arrêtent pas de dire que les musulmans sont des intrus allogènes, ici, en Occident».

D’un côté, une condamnation unanime et implacable, de l’autre, une peur grandissante des conséquences. A peine la nouvelle de l’attentat connue, les grandes organisations musulmanes ont fait part, mercredi, de leur horreur et de leur vive désapprobation. «Cet acte barbare d’une extrême gravité est aussi une attaque contre la démocratie et la liberté de la presse», a souligné dans un communiqué le Conseil français du culte musulman (CFCM). L’instance représentative a aussi appelé les musulmans à «la plus grande vigilance face aux éventuelles manipulations de groupes aux visées extrémistes, quels qu’ils soient».

«J’ai peur des incendies dans les mosquées, pointe Ghaleb Bencheikh. Pour la première fois de ma vie, j’ai dit à ma femme qui porte de voile de faire attention dans la rue.» A court terme, la période s’annonce, selon l’islamologue Rachid Benzine, «très difficile».

De son côté, l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, a condamné de «la manière la plus ferme cette attaque criminelle et ces horribles meurtres». Sur Facebook, le théologien Tariq Ramadan crie son indignation : «Ce n’est pas le Prophète qui a été vengé, c’est notre religion, nos valeurs et nos principes islamiques qui ont été trahis et souillés. » De Rome, où il fait partie d’une délégation de responsables musulmans français en visite au Vatican, Mohamed Moussaoui, le président de l’Union des mosquées de France (UMF), qui regroupe 400 lieux de culte, proche du Maroc, s’est dit à Libération«horrifié par ce drame qui frappe toute la France». […]

Depuis quelques jours, les milieux musulmans se préparaient à de vifs débats au moment où paraissait le roman brûlot de Houellebecq. «Notre position est délicate, reconnaît le président de l’UMF. La critique, même celle des religions, est légitime. Mais nous devons à chaque fois trouver des réponses adéquates.» […]

A l’instar de Ghaleb Bencheikh, il appelle, pour sortir des polémiques et des tensions, à une sorte d’examen de conscience des responsables musulmans. «Il nous faut, dit-il, rompre avec un fondamentalisme qui nous vient des Frères musulmans et du wahhabisme.»

Libération

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