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Comment ne pas constater avec peine que l’écologie politique fait l’impasse sur la question animale ? Comment expliquer que la radicalité écologique, tant sur le plan intellectuel que sur le plan politique, à travers l’action militante de personnalités écologistes incontestables, repose sur une dénégation de la question animale et tout spécialement de la souffrance qu’implique l’élevage industriel pour les animaux ? C’est ce mystère qu’il faut mettre à jour. C’est ce grave problème que l’écologie actuelle se doit de résoudre. 

S’il est vrai que certains députés écologistes, dont Laurence Abeille dont le travail législatif est tout simplement remarquable, ont pris des décisions favorables aux intérêts des animaux, il n’en reste pas moins, que ces mêmes députés ne se distinguent pas fondamentalement d’autres députés, de droite comme de gauche, également préoccupés par la question animale.

C’est donc ce qu’on appellera  ici l’écologie radicale qui est profondément marquée par un oubli de cette question. Alors même que les écologistes devraient naturellement être porteurs d’une vision critique d’ensemble prenant en compte une véritable défense des animaux comme membres à part entière d’une société qui les exploite et dont l’exploitation produit des effets des plus graves tant en terme de pollution qu’en terme de santé publique. Sans même parler des conditions d’élevage qui font souffrir des millions d’animaux. L’écologie se tait sur cet immense problème plus prioritaire probablement que la question environnementale.

Si l’on analysait avec précision l’action des écologistes de gouvernement, passés et actuels, force est de constater qu’ils ne sont à l’origine d’aucune loi, d’aucune décision importante et par conséquent d’aucun projet politique permettant de mettre fin à l’exploitation des animaux. S’il existe quelques personnalités sensibles à la question, aucune idée importante ne vient caractériser ni définir la liste des propositions écologistes qui donnent l’impression de ne pas prendre au  sérieux les enjeux économiques, sociaux, environnementaux et donc politiques des liens entre hommes et animaux dans notre société démocratique dont les écologistes seraient le mieux placés pour y introduire la question animale.

Nous ne voulons pas dire qu’ils ne font rien pour les animaux, seulement que la question animale ne fait pas réellement partie de leur projet politique et cette impasse éthico-politique délégitime fondamentalement leur courage et ambition politiques pour la transformation de la société qu’ils défendent.

Quel sens y a -t-il à vouloir réformer cette même société si les intérêts des animaux ne sont pas sérieusement pris en compte ? Quel sens y a-t-il à vouloir introduire de l’éthique en politique si ces mêmes écologistes ne cherchent pas à mettre fin à l’élevage industriel pour penser de nouveaux rapports aux animaux à qui il faudrait donner des droits politiques pour les protéger de toute forme d’exploitation et en faire des partenaires voire des co-citoyens, projet analysé en détail dans un livre publié par les philosophes canadiens Kimlicka et Donaldson : Zoopolis. A political theory of animal rights. Livre quie les écologistes n’ont jamais lu et qui relancerait de fond en comble leur projet politique de manière nouvelle et originale, susceptible même de convaincre de larges parties de la population.

Il est donc regrettable de constater le peu d’intérêt des écologistes et plus largement des la réflexion écologiste pour la question animale et cette impasse en dit long sur leur manque de courage intellectuel et politique.

MEDIAPART

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