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L’histoire de la laïcité selon l’opinion commune est celle d’États se libérant de la tutelle des religions. Mais l’examen des faits dément une telle vision et ce combat d’émancipation fut bien souvent celui de l’Église pour échapper à la mainmise des États aspirant à contrôler la religion pour mieux contrôler les consciences.

La laïcité n’est pas républicaine, elle est chrétienne. La longue histoire des rapports entre l’Église et l’État – pouvoir temporel et autorité spirituelle distincte – aurait dû nous conduire – selon la légende noire anticléricale –, à constater une longue série d’abus du Parti prêtre, s’immisçant indûment dans les affaires de l’État et cherchant à influencer le pouvoir civil à son profit par tous les moyens. En réalité c’est l’inverse que l’on est obligé de constater : l’immixtion de l’État dans l’Église, que ce soit (au début) pour la faire disparaître, ensuite pour l’instrumentaliser, puis (Révolution française oblige) à nouveau pour lui mener une guerre à mort.

On peut dire que le quiproquo vient des Lumières. Aujourd’hui des savants réputés comme Jean Baubérot font remonter la laïcité au XVIIIe siècle. En réalité, la constitution civile que la Révolution destine au clergé montre bien qu’il s’agit pour les révolutionnaires (conformément à l’intuition de Jean-Jacques Rousseau), de revenir sur 1700 ans de christianisme et d’asservir l’Église à l’État au point d’en faire un service social parmi d’autres. On est loin des utopies du siècle suivant, défendues d’ailleurs par des catholiques, qui prônent « l’Église libre dans l’État libre ». La laïcité républicaine hérite du siècle des Lumières une hostilité viscérale envers le catholicisme. Il est absolument impossible de faire passer cette hostilité politique pour une forme de laïcité sans jouer sur les mots.

Loin des incantations des laïcistes qui ont fait depuis un siècle d’elle une arme par destination contre l’Église et l’instrument de la déculturation des sociétés chrétiennes, la distinction du temporel et du spirituel fut au cœur d’un combat fécond tout au long de l’histoire européenne. Un combat de deux millénaires contre la prétention du Glaive à dominer la Croix. Celle-ci s’enracinait dans les principes de la Rome antique. Elle marqua toute l’histoire de la construction européenne, qui fut pour une grande part celle de la lutte d’influence entre l’Église et l’État.

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