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Au cours d’un entretien fleuve, Natacha Polony dresse avec FigaroVox le bilan de l’année 2014. Une années notamment marquée, d’après elle, par l’émergence d’un discours «transhumaniste», l’affirmation d’un pôle politique libéral et la radicalisation d’une partie de l’opinion. Extraits.

L’explosion du clivage droite gauche que vous appelez de vos vœux est-elle en train de se produire ?

Malheureusement non, car face à ce libéralisme libertaire qui ne dit pas son nom, nous assistons à la dissolution de toutes les alternatives à l’exception du Front national, ce que je trouve particulièrement dangereux. Le mouvement d’effacement ou de réduction des discours alternatifs à ce pôle libéral se poursuit. Tous les gens qui veulent faire émerger d’autres idées sont de plus en plus et encore plus systématiquement associés au FN et accusés de faire son jeu.

Quels sont les grands évènements culturels et médiatiques que vous retenez de l’année 2014?

Autre phénomène important qui concerne plus spécifiquement la France, l’accélération de la destruction du modèle français, en particulier de son modèle d’agriculture et donc son mode de production et de vie. De ce point de vue-là, la ferme des mille vaches est un symbole absolument magistral. Alain Finkielkraut a d’ailleurs considéré lui-aussi qu’il s’agissait d’un évènement majeur. Derrière cette autorisation de construire une ferme-usine totalement concentrationnaire, il y a la négation absolue de tout ce qui fait le modèle français de production agricole et de tout ce qui a fait l’identité de la France. […]

Sur Eric Zemmour : “Je trouve tout aussi inacceptables ses ambiguïtés concernant l’avenir des musulmans de France (quels que soient les mauvais procès sur le mot «déporter» qu’il n’a pas employé): je dis au contraire qu’ils sont citoyens français et que leur avenir est dans la République française, avec toutes ses valeurs et tous ses principes.”

Le paradoxe est que tous ces gens prônent des idées libérales sur le plan économique, mais se présentent comme défenseur de valeurs qui seraient beaucoup plus républicaines, notamment sur les questions d’immigration ou d’identité. Ils n’assument pas le fait que leur conception totalement atomiste de l’être humain, tel qu’elle se développe dans leur vision économique, est en contradiction absolue avec le discours qu’ils tiennent sur le plan des mœurs et de l’évolution de la société.

Et sur le plan politique ?

L’événement politique de cette année 2014 est probablement l’affirmation d’un pôle libéral qui promeut la même politique à droite et à gauche. Il est d’ailleurs insupportable d’entendre les médias commenter le «tournant social-démocrate» ou «social-libéral» de François Hollande. Arrêtons les arguties: le PS est désormais libéral, sans aucune ambiguïté. Pour le dire simplement, le véritable pouvoir est détenu en France par le système bancaire (d’où provient la haute administration de Bercy) et la grande distribution, sur des directives fixées à Bruxelles: rien n’est fait sans l’aval direct ou indirect de ces trois entités. Or, l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, la nomination d’Emmanuel Macron au ministère de l’économie, la mise en avant d’Alain Juppé comme homme politique de l’année, traduit la convergence idéologique de ceux qui défendent la normalisation libérale de la France et son adaptation aux règles du libre-échangisme mondialisé. Autrement dit, on a le choix entre Coca-Cola et Coca-Cola. […]

Le Figaro

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