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Pour Jean-Marc Dreyfus enseignant-chercheur à L’université de Manchester et Marc Hecker chercheur À l’Institut Français des Relations Internationales (Ifri), le départ de juifs de France vers Israël est aussi motivé pour des raisons économiques.

En somme, Israël est vu par ceux qui s’y installent tantôt comme un refuge – ce qui n’est pas le moindre des paradoxes compte tenu de la fréquence des affrontements israélo-palestiniens – tantôt comme un «foyer national» et spirituel, mais aussi comme un eldorado qui contraste avec les pesanteurs de la France. L’alya n’est donc pas qu’une conséquence de la hausse de l’antisémitisme ; c’est aussi un reflet du marasme qui touche notre pays.

Les juifs, qui ont décidé de quitter la France, n’évoquent pas seulement l’antisémitisme croissant dans les banlieues, mais aussi un désir de réalisation d’un projet national, un désir de réalisation de soi.

L’annonce du nombre de Français juifs migrant en Israël est devenue, depuis quelques années, un moment de l’actualité politique française, précisément depuis 2000 et le début de la deuxième Intifada. Alors que l’alya de juifs de France n’est pas un phénomène nouveau – il aurait concerné plus de 90 000 personnes depuis la création d’Israël en 1948 – l’augmentation nette des violences antisémites a donné aux départs une signification nouvelle.

Pouvoirs publics et médias scrutent, avec inquiétude, des chiffres passés d’environ 2 500, en 2004, à plus du double dix ans plus tard. 2014 s’annonce comme une année record. L’affaire Dieudonné, les meurtres antisémites commis par Mehdi Nemmouche, la poussée du Front national et les incidents en marge de manifestations pro-palestiniennes n’y sont évidemment pas pour rien. On s’oblige à préciser – comme pour se rassurer – que le nombre de retours vers la France de ceux qui n’ont pas réussi à s’intégrer à Tel-Aviv, Jérusalem ou Haïfa, n’est pas connu et qu’il serait conséquent (jusqu’à un tiers des partants). […]

Quant à l’«alya fiscale», elle fait référence aux avantages fiscaux que l’Etat d’Israël – dont le gouvernement pratique une politique économique très libérale – accorde aux nouveaux immigrés. Car l’alya peut également être motivée pour des raisons économiques. Partir en Israël, c’est aussi chercher à s’intégrer dans un pays en plein développement, une «nation start-up» dynamique et créative qui connaît un succès insolent dans le domaine de la haute technologie et des industries culturelles. […]

Libération

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