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Le groupe Histoire locale du Comités des Sages vous propose une plongée dans les souvenirs de Noël de quelques anciens de Saint-Jean de Braye. Emotions au pied du sapin…

Chantal, 61 ans : Depuis toujours, le Père Noël est attendu près de la cheminée.

Je suis née en 1950 dans un petit village de Beauce, à 14 km de Chartres. Mes deux grands-pères étaient de l’autre siècle (1897 et 1899) et tous deux, journaliers dans les fermes. Pépère Henri y était d’ailleurs employé comme petit marmiton depuis l’âge de 10 ans. Papa travaillait la terre, lui aussi. Chaque année, le Père Noël m’apportait un cadeau (valise à tricot, trousse de couture, dînette, tableau et boîte de craies,…) et quelques friandises ; chez nous, ni messe de minuit, ni réveillon, mais le jour de Noël, c’est maman qui préparait le repas de fête. Dans la matinée, Pépère attelait « Pompon » à la carriole et s’en allait à Santeuil, à huit kilomètres de chez nous, chercher tante Yvonne et sa famille à la gare ; ils venaient de Dourdan par le train. Tout l’après-midi, « Pompon » attendait sagement sur le trottoir, attaché à la boucle scellée dans le mur en pierre de la maison pendant que nous faisions honneur à la traditionnelle dinde aux marrons et à la bûche pâtissière maison. Dans la soirée, « Pompon » repartait au trot en direction de la gare, nos hôtes chaudement emmitouflés, les genoux recouverts de couvertures usagées, mais tous heureux d’avoir fêté Noël en famille.

Michelle 65 ans : Des châtaignes dans leurs bogues.

Je me souviens tout particulièrement de ce Noël, il m’a profondément marquée. Nous étions allées avec Maman à Chartres, à la Maison Verte pour voir les jouets. J’avais vu une poupée « Gégé » de 15 cm environ, jolie frimousse, brune, vêtue de rouge, socquettes blanches et ballerines noires. Et cette poupée, elle dansait ! Elle me plaisait beaucoup, alors je l’ai commandée au Père Noël et j’ai eu la joie de la trouver dans mes chaussures au pied du sapin. Pour me faire voir, maman a tourné la clé du mécanisme, ma poupée a dansé sur la table en tournant sur elle-même puis s’est arrêtée. Je l’ai alors prise à mon tour pour la remonter. Malheur ! J’ai tourné la clé à l’envers et le mécanisme intérieur s’est cassé ; ma poupée ne pouvait plus danser, elle n’a dansé qu’une seule fois à la maison. Contrariée, maman m’a donné une bonne gifle ! J’ai pleuré. J’ai le souvenir de lui en avoir voulu, j’étais déjà suffisamment peinée par les conséquences de ma maladresse ! Par la suite et encore aujourd’hui, j’ai toujours une appréhension quand je tourne la clé d’un jouet mécanique appartenant à mes petits-enfants !

Françoise, 65 ans : Noël des années 1950…

La fête, c’était la messe de minuit à Combleux célébrée par L’Abbé Brochon que nous aimions beaucoup. L’église brillait de toutes ses pampilles et meubles lustrés. Des habitants animaient une crèche vivante. A Saint-Jean de Braye, François Marchand chantait « Minuit Chrétien ».

La famille se réunissait autour de mes grands parents pour partager et savourer une dinde farcie de marrons accompagnée de la choucroute maison, suivie de multiples douceurs rappelant l’Europe centrale.

Année après année, les jouets variaient, un seul chaque fois ! Un cyclorameur rouge, une patinette blanche sans pédale et deux stylos BIC, un rouge et un bleu, une épicerie et sa balance … et puis des heures inoubliables à jouer avec mes voisines ou voisins de vacances.

Yvonne, 69 ans : Un ange pour guider le Père Noël dans sa distribution.

Chez nous, dans l’Est, près de Sarreguemines en Lorraine, ce n’était pas le Père Noël qui apportait les jouets aux enfants, mais le petit Jésus ! Nous allions en famille à la messe de minuit, et lorsque nous rentrions à la maison, un ange nous attendait près du sapin décoré et entouré de jouets, il était là, souriant, vêtu d’une robe en satin bleu ciel. Dieu que c’était beau !!

J’ai appris par la suite que c’était une voisine, une femme seule, qui faisait cette surprise aux enfants du village.

J’étais gâtée, et comme mes frères, sœurs et cousins, j’avais chaque année :
– un jouet (une grande poupée de porcelaine, un landau, un vélo, ou une voiture à pédales, …).
– un pyjama ou une chemise de nuit.
– un livre (c’est ainsi que mon frère a eu toute la collection des aventures de Tintin)
– une assiette creuse remplie de friandises (mandarines, petits gâteaux secs de Noël appelés Bredeles en Alsace) mais aussi un Père Noël en pain d’épices et un sabot en chocolat avec un petit Jésus en sucre. Je suis grand’mère maintenant et je continue, chaque année à Noël, à faire des petits gâteaux secs pour mes enfants (grands et petits) mais aussi pour offrir à mes voisins et amis que j’aime bien.

Josette, 61 ans : Noël 1966 à l’école maternelle Louis Gallouëdec

A l’école communale, un goûter nous était offert par la municipalité et servi la veille des vacances de Noël dans la cantine. Après la récréation de l’après-midi, nous allions dans cette ancienne salle de classe transformée en réfectoire et en préau les jours de pluie, et nous faisions des rondes en chantant : « Sur le pont d’Avignon », « Le fermier dans son pré », « Nous n’irons plus au bois », ou « La mère Michel », et « En passant par la Lorraine », ou bien encore « Sur l’pont du Nord » ou « Il était une bergère ». Notre répertoire était vaste et je pense que ces titres réveilleront chez vous aussi, d’agréables souvenirs. Puis, venait l’heure du goûter servi par Thérèse, notre cantinière : crèmes au chocolat et à la vanille, parts de brioche, et chocolats chauds. Nous étions enchantés si Thérèse revenait de la cuisine avec son plat, en nous proposant une petite part supplémentaire ! Puis, nous rentrions chez nous à vélo ; nous continuions à chanter tous ensemble sur le trajet du retour (3 kilomètres), heureux d’être désormais en vacances.

Annette, 62 ans : De la neige pour Noël…

Je me souviens des cours d’anglais en 5ème, notre professeur nous avait fait apprendre une poésie (en anglais, bien sûr !) au moment de Noël. Celle ci s’intitulait : « Y wish you a merry Christmas, and a happy new year ”. (Je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année).

Je l’ai très vite apprise et je l’aimais beaucoup ; c’est aussi une chanson populaire de Noël en Angleterre. Je l’écoute chaque année, entre Noël et le Jour de l’An, et j’ai l’impression, pendant quelques instants, de rajeunir de plus de cinquante ans.

Gérard, 63 ans : Des cadeaux pour les enfants sages.

Des images et des odeurs, à Noël dans les années 50 : C’est l’époque à laquelle mes souvenirs remontent, avant ce ne sont que des informations reçues des uns et des autres. Cette période de préparation de Noël est gravée dans ma mémoire, elle est remplie d’odeurs, de couleurs et de saveurs, mais aussi de peur que le Père Noël ne passe pas dans la cheminée. Les préparatifs étaient rythmés par le travail qui animait la boutique de mon Grand Père qui était confiseur Avenue du Maine, tout proche de l’ancienne gare Montparnasse à Paris. Les chocolats à hauteur de mes yeux d’enfant, le plaisir d’en prendre un sans se faire remarquer, les saveurs dont je me souviens mais que je n’ai jamais retrouvées. Il y avait aussi les bocaux de bonbons : les violettes, les coquelicots, les caramels et puis les premiers « carambar », les roudoudous dans des petites boîtes en bois, les mistrals et les boîtes de coco (cf. : les mistrals gagnants de Renaud qui me laissent toujours rêver à ce passé).

Le dimanche après midi nous allions sur les grands boulevards, aux « Galeries Lafayette » et au « Printemps » pour voir les vitrines animées et manger quelques marrons chauds. Nos yeux étaient grands ouverts. Le sapin était posé à la maison devant le poêle, décoré bien modestement, l’électronique n’existait pas, et il y avait toujours la carotte pour le renne et le verre de rhum pour le Père Noël. Au petit matin, plus de carotte, plus de rhum dans le verre, une orange dans la chaussure et les cadeaux que nous avions commandés (il n’y en avait qu’un seul par personne) sans oublier le petit sachet de pièces en chocolat. Il était passé dans la nuit sans un bruit.

Nous étions vraiment heureux, nos yeux pétillaient et en ce jour de Noël, nous faisions le tour de la famille pour recueillir les cadeaux que le Père Noël avait laissés chez les uns et les autres ; à cette époque, nous voyagions en métro, il y avait peu de voitures.

Marcelle, 69 ans : Un Père Noël plus vrai que nature…

Elevée entre la croix et la faucille, je me souviens de l’année où j’ai vraiment vécu Noël. Suite au traditionnel : « dépêchez vous, il n’y aura plus de places devant ! » les croyants de la famille accompagnaient l’oncle et la tante à la messe de minuit. Après une cérémonie interminable, le tonton entonnait le « minuit chrétien ». Soudain réveillée et transie de froid, je me souviens (avec un soupçon de culpabilité) de la dinde énorme, parfumée, cuite chez le boulanger pour l’occasion et arrivée en fin de journée au baraquement. Dans mon cœur d’enfant, cette grosse bête odorante signifiait une réunion particulière : tous les frères et sœurs, les parents, l’oncle, la tante, le cousin, la grand’mère aveugle, sans oublier la place du pauvre. Noël, la seule fête qui apportait un grand moment de trêve et de paix dans ma famille « nombreuse », pleine de soucis, de chamailleries, et de cris…………..Ordinaire quoi !

Claudine, 71 ans : Une fillette bien sage au pied du sapin.

Abraysienne depuis 1970, je suis née dans le Nord de la France. À mon époque, les enfants étaient fêtés lors de la Saint Nicolas, le 6 décembre. La veille au soir je mettais du sucre et des carottes dans une assiette destinée à l’âne de Saint-Nicolas. Mais attention, il fallait mériter cadeaux et friandises ! En effet, Saint-Nicolas était accompagné aussi du Père Fouettard qui pouvait très bien remplacer les présents par un martinet, si les enfants avaient été trop désobéissants ! Heureusement, j’étais toujours émerveillée en découvrant, au lever du jour, jouets et pains d’épice devant l’assiette vide. J’avais le temps d’étrenner aussitôt la poupée, la dînette ou le landau fabriqué par papa et capitonné avec des restes de tissu crépon par maman, puisque la municipalité donnait congé aux enfants les matins du 6 décembre.

Quant à Noël, je recevais simplement une orange et une «cougnole» plus ou moins grande selon mon âge. Cette «cougnole» était une superbe brioche aux raisins en forme de Jésus emmailloté. Je devais la faire durer toute une semaine, jusqu’au Nouvel an ! C’est donc par petites tranches que je la dégustais dans mon chocolat au petit déjeuner.

À 71 ans, j’en ai toujours son goût délicieux dans la bouche !

Roberte, 88 ans : Découvrir le sapin de Noël a toujours été un moment magique.

Il me fallait d’abord nettoyer les chaussures, puis le devant de la cheminée, sinon le Père Noël ne venait pas. Il fallait aussi balayer la pièce et nettoyer les chaussons de mes petits frères et sœurs, je faisais tout çà, tellement heureuse à l’idée de recevoir un présent.
Une année, j’ai reçu une toute petite poupée de chiffon, un sabot en chocolat avec un Jésus en sucre ; pas question de réclamer autre chose !

Une autre année, j’ai eu un baigneur en celluloïd, tout nu, j’ai pensé qu’il allait avoir froid ! je me suis assise devant la cuisinière pour le réchauffer mais il s’est enflammé ! j’ai pleuré, je n’avais plus que le souvenir et en plus j’ai été grondée par mes parents ; j’aurais pu me brûler !

Mon plus beau Noël, je me souviens, c’est celui où j’ai eu un landau avec une poupée toute enrubannée ; mes frères et sœurs, de « sacrés diablotins » déjà en ce temps là, me l’ont toute abîmée ! Pas de réveillon, nous nous couchions de bonne heure. Nous ne marquions le jour de Noël que le midi : dessert, chansons de Noël, nos parents à leur tour chantonnaient de belles chansons comme « Dans les jardins de l’Alhambra ». Puis, les mamans et grand’mère rangeaient la vaisselle, les hommes jouaient aux cartes, et nous, les enfants étions dehors ; si par chance, la neige était là, nous faisions des bonhommes de neige. Ensuite, c’était le goûter pour nous réchauffer : chocolat bien chaud ! Vers 20h30, tout le monde rentrait chez soi.

Aimée, 85 ans : Un sapin de Noël bien garni pour cette petite fille.

Dans les années 30, nous attendions avec impatience ce Père Noël qui apporte un cadeau aux enfants sages. Chez nous, pas de sapin, nous mettions nos chaussures dans la cheminée. Nous allions à la messe de minuit avec des voisins et au retour, nous faisions un petit réveillon. A l’église, la crèche était là, Jésus entre l’âne et le bœuf.

Après le réveillon, nos parents nous envoyaient au lit en nous disant que le Père Noël allait bientôt passer ! Nous aurions voulu rester éveillés pour voir et entendre ce Père Noël, mais impossible !

Le matin, c’est avec joie que nous venions fouiller dans nos chaussures : nous y trouvions souvent une orange et un paquet de chocolats. Nous étions heureux, la famille était réunie et nous faisions un bon repas.Nous avons appris par la suite, que ce père Noël tant attendu, c’était nos parents et que le petit Jésus de la crèche avait passé trente trois ans sur la terre et qu’il avait été crucifié et ressuscité trois jours après, le jour de Pâques pour être le sauveur du monde. Noël, pour les croyants, c’est une espérance ! C’est quand même une réalité puisque le calendrier a été fait à partir de cette naissance. Quand on parle des siècles précédents, on dit « les années avant Jésus Christ ». S’il n’y avait pas eu cette naissance, Noël n’existerait pas. Pour les non croyants, c’est tout simplement une fête de famille en fin d’année, et aussi une bonne période pour les commerçants, qui vendent davantage puisque c’est la période des cadeaux. Je conclurai en disant que « Noël, c’est toujours, ou du moins çà devrait être une période heureuse pour les petits et les grands ».

Jeannie, 76 ans : Depuis toujours, le Père Noël passe par la cheminée.

Je suis née « au Carré », maintenant Avenue Charles Péguy, aux Armenault, et les Noëls de mon enfance, au début de la Dernière guerre, sont encore présents et même si mes souvenirs arrivent parfois à disparaître, quelques-uns restent gravés dans ma mémoire car cette période était difficile pour tout le monde.

Nous n’avions pour chauffage que la cuisinière et les veillées consistaient à jouer aux « petits chevaux » ou autres avec mon frère et mes parents en attendant de partir à la Messe de Minuit au Bourg à Saint-Jean de Braye, à pied avec notre pile électrique souvent avec la neige. Au retour, pour nous réchauffer, boisson chaude, tisane et à notre demande « dégustation » d’une boîte de conserve, poisson de préférence, des choses simples sachant que nous ne trouvions pas grand chose.

Nos chaussures au coin du feu pour que le Père Noël pense à nous et bonne nuit les petits … Miracle, le matin de bonne heure, il ne nous avait pas oubliés, une orange pour chacun et pour moi une petite poupée, habillée par maman, que j’ai conservée très longtemps. Même si elle était insignifiante, elle représentait tout l’or du monde.

SAINT-JEAN DE BRAYE

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