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Les actions se réclamant du terrorisme islamiste en Occident, si elles proviennent souvent d’actes isolés, s’inscrivent dans une stratégie plus large, théorisée en 2004 par un dénommé Abou Moussab Al-Souri dans un ouvrage de 2 500 pages. Objectifs : un désordre permanent et des clivages marqués, qui doivent permettre au djihadisme international de triompher.

Atlantico : En 2004, Abou Moussab Al-Souri, théoricien du djihadisme, publiait un ouvrage de 2500 pages donnant les indications des actions à mener pour composer un djihadisme mondial, qui ne s’arrêterait pas à la seule région du Proche et Moyen-Orient. Qu’est-ce qui dans ses écrits prédit un projet de guerre civile ? Quelle était le processus imaginé en théorie ?

Alain Rodier : Tout d’abord, Abou Moussab Al-Souri, de son vrai nom, Setmariam Nazar possédant la double nationalité syro-espagnole (par mariage), est un idéologue d’Al-Qaida “canal historique”, bien qu’ayant toujours fait preuve d’une grande indépendance personnelle vis-à-vis de la direction du mouvement.

Comme cela est dit dans le film “les barbouzes”, “il encombre aux archives” de tous les services de renseignement. Seul détail gênant, depuis sa libérations des geôles syriennes en 2011 (il avait été “rendu” au régime de Bachar el-Assad par les Américains – qui l’avaient arrêté en 2005 – quand celui-ci était encore fréquentable), personne ne sait où il est passé. Ses théories vont à l’opposé de celles de Daech dans le cadre de la création d’un “État” islamique. Il jugeait cette façon de faire comme trop dangereuse car présentant une cible trop facile à frapper par les Occidentaux. Ayant une grande connaissance de l’étranger, il prônait la créations de cellules clandestines sans liens avec un commandement central pour ne pas se faire détecter. Ces cellules devaient pouvoir passer à l’action avec leurs propres moyens pour déclencher une guerre civile en créant des divisions entre les musulmans et les populations locales.

L’Etat islamique semble vouloir “rationaliser” ses actions sur le territoire européen – et français – avec des appels à recrutement, et à mener des actions, lancées depuis la Syrie notamment. En quoi leur modèle d’importation de la “guerre civile” en France diffère-il de celui des précurseurs d’Al-Qaïda ? Pourquoi ? (…)

Daech, à la différence d’Al-Qaida “canal historique”, ne possède pas (encore) de “réseau” à l’étranger. (…)
Le problème réside dans le fait que des individus isolés trouvent dans la “cause” de l’État Islamique la raison de passer à l’action. Cette “cause” est différente de celle d’Al-Qaida car il existe aujourd’hui un véritable État islamique situé à cheval sur la Syrie et l’Irak. C’est du “concret”. (…)
Le principe pour recruter des activistes est de les valoriser personnellement en leur démontrant qu’ils sont “maltraités” par la société. (…)

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