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Le Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR), créé en 2008, s’est fait une spécialité d’analyser la montée de l’islamisme sous toutes ses formes et, en particulier, les mécanismes de l’engagement de ressortissants des pays occidentaux dans le djihadisme. Son directeur, le politologue Peter Neumann publiait, jeudi 11 décembre, la première étude consacrée au coût humain du djihadisme mondial, dont il a confié l’exclusivité française au Monde.

>Aucun « modèle » d’intégration ne protège contre l’engagement djihadiste. L’universitaire souligne même une sorte de paradoxe : les pays réputés les plus tolérants – Danemark, Norvège, Suède, Pays-Bas – sont, avec la Belgique, ceux qui produisent le plus de combattants islamistes proportionnellement à leur population. La France est touchée, mais ne figure pas en tête de liste.

«Pour la première fois, l’Etat islamique propose un projet qui paraît si enthousiasmant, qu’il attire 16 000 jeunes venus du monde entier. Parmi ceux que nous suivons, précise le patron de l’ICSR, je n’ai jamais vu un pareil engouement. On a maintenant des 15-17 ans attirés dans l’orbite jihadiste. Le danger est que la vieille génération leur passe le relais. C’est ce qui est en train de se passer. » Face à l’émergence de cette « idéologie ancrée mondialement », les moyens militaires ne suffiront pas, analyse le chercheur. […]

M. Neumann tend à minimiser le rôle des réseaux sociaux dans le recrutement de ces jeunes. « L’idée qu’en regardant des vidéos, on décide soudain de partir pour la Syrie ne correspond pas à la réalité. Ce sont des groupes de jeunes qui se rencontrent dans une mosquée ou dans un kebab et se radicalisent ensemble. Quand l’un d’eux part, la pression amicale du groupe opère, et d’autres le suivent. » A la base de leur engagement en Syrie, pour l’essentiel, les ingrédients sont toujours les mêmes : le malaise identitaire des enfants d’immigrés mal acceptés, la rencontre avec le discours salafiste dont les réponses tranchées résolvent le dilemme identitaire, désignent des ennemis et confèrent une impression de supériorité. […]

Entraver les retours, ce serait «rejeter sur d’autres nos responsabilités», estime-t-il. Mais ce serait surtout se préparer à de terribles lendemains : «Dans les années 1990, les pays arabes ont empêché le retour des djihadistes d’Afghanistan, rappelle-t-il. Ils ont alors essaimé sur tous les fronts du terrorisme», en Bosnie, en Tchétchénie, et, le 11-Septembre, aux Etats-Unis.

Le Monde

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