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Mathieu Bock-Côté analyse, pour FigaroVox, l’actualité vue du Québec. Il se penche ce vendredi sur la polémique autour des crèches de Noël, au cœur, selon lui, de la question identitaire. Mathieu Bock-Côté est sociologue (Ph.D). Il est chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal ainsi qu’à la radio de Radio-Canada.

Cette querelle n’est pas nouvelle. Surtout, elle n’est pas exclusivement française. En fait, elle traverse, depuis plus de vingt ans, toutes les sociétés occidentales. Elle a d’abord été nommée aux États-Unis, où on parle de War on Christmas mais elle se déploie ailleurs. Au Québec aussi, depuis une dizaine d’années, elle est devenue rituelle à partir du premier décembre, même si son intensité varie au fil des ans.

Il s’agit en fait d’éradiquer les dernières traces du christianisme dans l’espace public, pour le neutraliser. Plus largement, on effacer progressivement tout ce qui peut lier les institutions publiques à une civilisation particulière, à une mémoire historique particulière. C’est en extrayant chaque société occidentale de son histoire qu’on l’ouvrira vraiment à la différence et à l’altérité.

Dans la perspective du multiculturalisme, ce qui était autrefois considéré comme la nation, avec son identité culturelle, historique et civilisationnelle n’est plus qu’un communautarisme parmi d’autres dont il faudrait contester les privilèges. On veut déconstruire la culture nationale pour mieux accueillir ceux qui arrivent. On oublie pourtant une chose: si toutes les convictions sont naturellement égales devant la loi, toutes les religions ne sont pas égales devant l’identité.

Ce serait une grande erreur de réduire la guerre contre Noël à l’opposition classique entre catholiques traditionnels et militants intransigeants de la laïcité. Nous sommes plutôt au cœur de la question identitaire.

Mais pour les multiculturalistes, la démocratie ne sera vraiment qu’en intégrant publiquement les symboles identitaires et religieux des différentes communautés qui se sont implantées par l’immigration. La preuve en est que ce zèle suspect pour déchristianiser l’espace public s’accompagne souvent d’un militantisme pour favoriser la reconnaissance de l’Islam. On se souvient d’ailleurs du rapport Tuot qui poussait la France à assumer publiquement sa part arabo-orientale.

La complaisance devant les différentes revendications identitaires et religieuses associées à l’Islam témoigne de cet état d’esprit. On y verra autant d’occasion d’en finir avec l’occidentalocentrisme et le christianocentisme. Ou invitera alors les institutions publiques à ajuster leurs horaires, leurs menus à la cantine, leurs formulaires, pour les adapter aux différentes minorités religieuses. […]

Le Figaro

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