Fdesouche

Pour Manuel Valls, en France le chômage est “très bien indemnisé”. Mais qu’en est-il vraiment ? Les comparaisons avec nos voisins européens brisent un tabou comme le souhaite Emmanuel Macron: seuls les gros salaires bénéficient de confortables compensations.

Manuel Valls et Emmanuel Macron relancent l’idée d’une réforme de l’indemnisation des chômeurs et Pôle emploi veut renforcer le contrôle des chômeurs suspectés de ne pas rechercher activement un emploi. L’objectif est de réduire le déficit de 4 milliards de l’assurance-chômage. Pour cela Emmanuel Macron, il doit “pas y avoir de tabou ni de posture» sur l’assurance-chômage”. Réponse attendue du Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, “la gauche n’a pas de tabous, mais elle a quelques totems”.

Au delà des mots, pour les 3,4 millions de demandeurs d’emploi sans aucune activité en France métropolitaine la France est-elle paradis ou enfer pour les chômeurs? Sont-ils vraiment les mieux indemnisés d’Europe comme le laisse entendre Manuel Valls pour qui la France “a fait le choix d’un chômage très important et très bien indemnisé”?

Les chômeurs britanniques n’ont que leurs larmes pour pleurer

Une question simple pour une réponse plus compliquée. En fait, les systèmes d’indemnisation dépendent de plusieurs critères: les conditions d’octroi des indemnités, le montant de ces indemnités, leur durée de versement ou encore les obligations faites aux chômeurs en matière de recherche d’emploi.

C’est donc complexe, sauf dans quelques rares pays comme la Grande-Bretagne où le montant de l’indemnisation des chômeurs est on ne peut plus simple : c’est a un forfait dont le montant ne dépend que de l’âge : quel que soit le salaire : les plus de 25 ans perçoivent outre-Manche 87 euros par semaine et les moins de 25 ans 69 euros. Point barre. La durée d’indemnisation de seulement 6 mois est, elle aussi, la même pour tous.

C’est sans nul doute le système le moins généreux en Europe et si Manuel Valls a relancé l’indémodable polémique sur l’indemnisation des chômeurs français lors de sa récente visite officielle à Londres, ce n’est évidemment pas fortuit. Comparé aux chômeurs britanniques, les Français sont effectivement beaucoup mieux indemnisés.

Si le calcul de l’allocation en Grande-Bretagne est des plus simples, en France c’est l’un des plus compliqués. Le taux d’indemnisation pratiqués varie entre 75 % pour les bas salaires et 57,4 %. Un jeune en contrat de professionnalisation payé en dessous du SMIC et gagnant 1 100 euros brut percevra 825 euros d’allocations, soit 75 % de son ancien salaire si l’entreprise se sépare de lui. Mais au dessus de 2.054 euros brut, l’indemnisation est de 57,4 % du salaire brut, moins la CSG et la CRDS, soit 1 401 euros net et 56 % de son salaire.

Le paradis c’est au Danemark

Les comparaisons de ce “taux effectif de remplacement” sont très délicates. Pour faire simple, la France compense plutôt bien l’ancien salaire, mais c’est aussi le cas dans d’autres pays comme le Danemark qui indemnise à 90%, le Luxembourg à 90%, la Suède de 50 à 80%, les Pays-Bas à 75%, mais aussi la Belgique à 65%… Quant à l’Allemagne, elle compense à 60% et même à 67% à partir d’un enfant à charge. Mais attention, c’est sur la base du salaire net. C’est donc un peu moins généreux qu’en France.

En Espagne, l’indemnité est de 70% du salaire pendant les 6 premiers mois, puis elle tombe à 50 %. Au Portugal, elle passe de 65 à 55 %, également au 7e mois. Le système français est alors plus avantageux.

Mais être indemnisé par Pôle emploi, pour un grand nombre de chômeurs, ce n’est pas Byzance. Les demandeurs d’emplois français perçoivent en moyenne 980 euros bruts d’allocations mensuelle. Le système français est surtout généreux pour les hauts salaires: le plafond du salaire pris en compte pour l’indemnisation étant de 12.124 euros, cela permet de percevoir jusqu’à 6.161 euros d’allocations par mois !

Ce plafond est trois à quatre fois plus important que dans le reste de l’Europe. Il est de 2.450 euros en Allemagne, de 2.370 euros Danemark, de 1.600 euros en Belgique ou de 1.170 euros en Italie.

Reste également à prendre en compte les conditions nécessaires pour avoir droit au chômage. En France, il suffit en effet de travailler – et donc de cotiser – quatre mois pour bénéficier d’une durée équivalente d’allocation chômage. Et cette durée de cotisation est strictement égale à celle de l’indemnisation chômage jusqu’à 24 mois. Pour les plus de 50 ans, cela passe à 36 mois.

No limit en Belgique

C’est beaucoup plus généreux qu’en Allemagne où, lorsque vous avez travaillé un an, vous ne percevez des allocations que pendant six mois, contre 12 en France. Et vous n’avez pas le droit au chômage si vous n’avez pas travaillé au moins un an au cours des 2 dernières années. Même principe pour la durée maximale d’indemnisation de 24 mois: il faut avoir travaillé 48 mois.

En Espagne ou en Italie, c’est encore plus dur puisque la durée de cotisation ouvre droit à une durée d’indemnisation trois fois plus courte. Cela dit, les Pays-Bas et le Danemark offrent des conditions à peu près équivalentes à celles de la France. Au Danemark par exemple, il faut travailler un an pour avoir droit au chômage, mais les chômeurs bénéficient alors de 2 ans d’indemnisation.

En terme de durée, la Belgique offre théoriquement le régime le plus favorable puisque l’indemnisation est en principe illimitée, mais elle est dégressive puis se réduit après 14 mois à un forfait de moins de 916 euros (483 euros pour un chômeur vivant avec une personne ayant un emploi) et peut être suspendue temporairement si le chômeur ne cherche pas activement un emploi.

La France n’est donc pas le paradis pour les chômeurs, mais pas l’enfer non plus. Pour les salaires moyens ,le système d’indemnisation se situe dans la bonne moyenne européenne. En revanche, la situation est meilleure qu’ailleurs pour les ex-cadres sup débarqués du fait de leur âge avancé.

myeurop.info

Fdesouche sur les réseaux sociaux