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Pour le sociologue Saïd Bouamama, le djihadisme est une pure construction médiatique qui permet de justifier l’islamophobie et les politiques pétrolières de l’Occident.

Un nouveau terme est entré dans le vocabulaire du français moyen ces derniers mois, celui de «djihadiste». Quotidiennement, les grands médias abordent le sujet et diffusent des grilles explicatives qui forgent les opinions publiques, orientent les réactions, suscitent des prises de positions.

Au-delà de l’apparente diversité des points de vue se cache une unicité d’analyse. En dépit du vernis d’objectivité des articles et des reportages, quatre récurrences idéologiques sont repérables : l’essentialisation de l’islam, l’injonction à la justification adressée à tous les musulmans, la négation des causes internes aux pays occidentaux et la justification de la guerre. Ces quatre discours médiatiques diffusés sur fond de sensationnalisme ne sont pas anodins. Ils ont une fonction sociale et politique. Ils contribuent à produire une réalité sociale et politique lourde de conséquences. […]

Au-delà des cibles actuelles, c’est la logique sécuritaire qui s’installe encore plus profondément dans notre société. Le mécanisme a été décrit de la manière suivante par Serge Quadrupanni : « L’antiterrorisme est la pointe avancée, l’avant-garde conceptuelle et pratique d’une politique de la peur qui tend à infiltrer tous les recoins de la société. Cette politique de production simultanée de peurs et de contrôles censés les juguler est condamnée à s’inventer sans cesse de nouveaux ennemis : après le terroriste, le jeune des quartiers populaires et le jeune tout court, l’enfant, l’internaute, le fou, l’immigré, l’étranger, le musulman, le rom… ».

Le musulman modéré serait celui qui pratique l’Islam avec modération et le musulman radical celui qui pratique l’Islam sans modération. En définitive, cette division binaire essentialiste attribue au dit « radical » un brevet d’islamité car si l’Islam a besoin d’être modéré c’est qu’il porte donc en lui, dans son essence des tendances dangereuses. Comme le souligne Maurice Tarik Maschino : «le musulman modéré est une abstraction, un pseudo-concept ou un concept de guerre, dont la fonction est d’exciter dans l’imaginaire des lecteurs les stéréotypes habituels qui stigmatisent les musulmans». […]

Ce climat et ces explications permettent de ne pas interroger les tactiques et stratégies concrètes : soutien à des groupes que l’on prétend combattre ensuite, présentation de monarchies obscurantistes (Arabie Saoudite, Qatar, etc.) comme des alliés, etc. La construction médiatique des djihadistes s’inscrit ainsi dans une stratégie guerrière. Peu importe que cela se réalise de manière consciente ou non par les acteurs des médias : le résultat est le même.

oumma

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