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A l’occasion de la sortie de son Roman de Jeanne d’Arc, Philippe de Villiers a accordé un entretien fleuve à FigaroVox dans lequel il s’en prend aux élites et proclame sa passion pour la France. Extraits choisis.

A propos de la fracture entre le peuple et les élites

Les élites sont en villégiature, elles voyagent et ne voient plus les frontières. Elles voyagent dans les nuages cotonneux et tendent la main au-dessus des petits toasts de caviar, elles voyagent au-dessus de l’Inde où les enfants de moins de douze ans fabriquent les luxueux costumes qu’elles portent sur elles. Ces élites-là, ces nouveaux «Français reniés», sont des élites déchues. La Révolution a abattu la monarchie, elle l’a remplacé par une démocratie qui est devenue aujourd’hui une oligarchie. L’oligarchie médiatique, l’oligarchie des banquiers de Francfort, l’oligarchie du CAC 40, l’oligarchie des commissaires de Bruxelles, pour ne pas parler de l’oligarchie américaine de l’OTAN. Un jour, une génération se lèvera qui balaiera les oligarques du multiculturalisme et du consumérisme.

Son regard sur la génération Manif pour Tous

C’est la petite sœur Espérance de Péguy. Aujourd’hui, si Jehanne d’Arc revenait, elle aurait à affronter une nouvelle idéologie. L’oppresseur n’est plus l’Angleterre, mais le mondialisme, qui sépare l’homme de ses attachements vitaux: on est en train de fabriquer pour la France de demain, un petit homme consommateur à l’américaine qui sera asexué et apatride. Il n’aura plus ni racine, ni filiation. Il ne pourra plus se retourner sur son passé et n’aura donc plus d’horizon. Il deviendra fou, fou de plaisir, fou de l’instant, le fou de Chesterton qui a tout perdu sauf la raison. L’ensemble des autorités temporelles et spirituelles a tendance à considérer aujourd’hui que le seul enjeu est, comme on dit à l’école aux enfants, de “sauver la planète”. On ne cherche plus à sauver la France mais à sauver la planète. On ne veut plus sauver une civilisation, on veut sauver les phoques et les ragondins appelés à devenir des sujets de droit et on chosifie l’embryon humain. Dès lors, la nation est montrée du doigt, elle est regardée comme un obstacle à la fraternité cosmique. Les déclinaisons de cette idéologie sont l’immigrationisme, l’hédonisme, le consumérisme, avec un objectif inavoué: la création d’un seul marché mondial qui permettrait aux entreprises américaines d’inonder le monde et de faire de l’individu un atome, un consommateur sans attaches affectives. L’Amérique ne veut plus de frontières, d’États, de lois nationales. Elle veut le libre échange planétaire. Elle veut des consommateurs plutôt que des citoyens, imprégnés de soft power, coca-colonisés et qui se passent, de bouche en bouche, le même chewing-gum.

Son désir de magnifier dans son livre les racines chrétiennes de la France et de l’Europe

L’Europe aujourd’hui est en train de mourir. Elle meurt culturellement et démographiquement. Elle meurt d’un chassé-croisé entre l’avortement de masse et l’immigration de masse. Parce qu’elle ne croit plus en la Vie. L’enfant est la ligne de flottaison de l’espoir d’une société. Pour qui regarde la Russie du fameux “diable Poutine” tel qu’il est décrit par l’Amérique consumériste et multiculturelle d’Obama, il est facile de constater qu’elle connaît une véritable restauration de ses valeurs civiques, morales et spirituelles. Pendant qu’on inaugure un McDonald en Europe, on ouvre une Eglise orthodoxe en Russie. Il se pourrait bien qu’un jour la troisième Rome vînt sauver la seconde.

A propos de Marine Le Pen

Je ne veux pas entrer dans la politique politicienne. Je suis sorti de la vie publique électorale par la grande porte. Je n’ai pas l’intention d’y revenir par la cuisine! La classe politique est morte, mais elle ne le sait pas encore.

Le système se décompose et elle compose avec le système. Pour reconstruire, il faut d’abord passer par la décomposition. Marine Le Pen est un marqueur de cette décomposition.

A propos d’Eric Zemmour et du succès de son livre

Quand un livre se vend à plus de 300 000 exemplaires, ce n’est plus un phénomène d’édition, mais un phénomène d’opinion. Plutôt que d’insulter Zemmour tous les jours comme ils le font, les oligarques et les médiacrates devraient s’interroger sur le sens de ce livre qui répond à un cri que la “Société de Connivence” ne veut pas entendre.

Le propos d’Eric Zemmour dans ce livre était de décrire la pente descendue. Il faut le lire en creux. Il raconte comment on a détricoté la France. En lisant entre les lignes, on peut voir comment la retricoter.

Entretien complet :

Partie 1 : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/11/21/31001-20141121ARTFIG00380-philippe-de-villiers-jeanne-d-arc-la-france-et-moi-12.php

Partie 2 : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2014/11/21/31001-20141121ARTFIG00425-philippe-de-villiers-nos-elites-revent-d-un-petit-homme-sans-racine-ni-filiation-22.php

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