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Interview de Marc Cheb Sun (ancien directeur de Respect Mag)

Véritable vitrine de la créativité de la France plurielle, « D’ailleurs et d’ici », réalisé sous la direction de Marc Cheb Sun, brosse le portrait d’une France dont l’identité est en mouvement. L’expression d’une France plurielle qui s’affirme, et qui appelle à porter fièrement « les couleurs du changement ». Le mot d’ordre des auteurs de l’ouvrage : la mixité est une richesse. 

” Nous, acteurs engagés, arrivons à un point de maturité sur toutes les questions de multiculturalité de la société française. Ce projet ne veut pas être que dans le constat, il veut propulser cette créativité totalement multiculturelle, en brassage, et pousser au désir de mixité.

Affirmer la France plurielle, ce n’est pas seulement la revendiquer, c’est montrer en quoi elle existe, coûte que coûte, et ce qu’elle apporte à toute la société, quelles que soient les barrières, les peurs, les raidissements de l’époque. De toute manière, elle est en marche.

Je pense qu’être citoyen d’une société comme la société française – ou d’autres, en Europe, aux Etats-Unis, en Amérique latine, et ailleurs – qui brassent des tas de cultures différentes avec un socle commun, est une chance, une force, une vraie dynamique possible.

Les « mutants », ce sont ceux qui ne s’accrochent pas à une identité ou à une autre, quelle qu’elle soit, mais pour qui l’existence, la vie, la vie individuelle et la vie d’une société, ont un formidable potentiel de mise en mouvement, d’évolution. Les mutants sont ceux qui veulent consacrer tout leur être à cette évolution, et ne pas se recroqueviller sur des identités figées, qui seraient définies une fois pour toute.

Comment définissez-vous cette société dominante ?
Comme la société de l’entre-soi. Auto-satisfaite, auto-congratulante, terriblement coupée du monde et des mouvements du monde. Elle est figée, ça pourrait être la même il y a un siècle ou dans un siècle. Ce sont des gens qui sont tellement heureux d’être ensemble, et de ne pas être avec les autres qu’ils ne voient pas le monde changer. Des gens qui se refusent finalement aux mouvements multiculturels de la société parce qu’ils sont très bien entre eux.

Chacun se barricade derrière un passé, d’ailleurs complètement fantasmatique la plupart du temps, parce que le passé qui reviendrait à une sorte de pureté française est complètement mythique.Ou alors il aurait fallu y réfléchir avant la période coloniale.

Ces gens en panique ne se rendent même pas compte à quel point il y a un formidable potentiel dans cette multiculturalité.

Les discriminations auxquelles nous assistons aujourd’hui, en plus d’être injustes, sont absurdes. Cela revient à passer à côté de son histoire.

Cette multiculturalité, qui existe dans la société française et pas dans la reconnaissance de ses modes d’expression aujourd’hui, est le fait de l’histoire de France – y compris ses phases les plus violentes, comme la période coloniale.

Je trouve très étrange qu’on n’ait pas envie de comprendre, de transmettre cette histoire, de s’inspirer de tous ces acquis pour aller de l’avant.

Saphir

 

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