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Le ministère de l’Économie planche sur des cessions importantes dans les entreprises publiques. Elles pourraient rapporter 16 milliards d’euros selon une étude.

L’étude Sodali réalisée pour le JDD

Tout est à vendre. Il y a un mois, le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, annonçait la cession de 5 à 10 milliards d’euros d’actifs publics. Deux jours plus tard, il enfonçait le clou en ciblant l’ouverture du capital d’infrastructures de réseau. Le patrimoine de l’État, évalué à 110 milliards d’euros, va fondre dans les dix-huit prochains mois.

L’État a déjà vendu 3% de GDF Suez, 2% d’Orange et 3% de Safran sans que cela ne change son poids dans la gouvernance. Le mouvement va s’amplifier. “Nous pouvons réduire nos participations sans perdre de pouvoir, confirme un conseiller de Bercy. Il n’est pas nécessaire d’avoir autant de capital immobilisé pour avoir la même influence.

Le JDD a passé en revue les options du gouvernement et les projets qui sont “dans les cartons“. Il dispose désormais d’un arsenal législatif très avantageux : la loi visant à reconquérir l’économie réelle, dite “loi Florange“, votée en mars dernier.
Elle donne à “l’État des droits de vote double qui lui permettent de garder un poids important” au sein des entreprises dont il est actionnaire, a ainsi déclaré, hier, Emmanuel Macron dans les colonnes du Monde. Cette disposition s’appliquera à partir de mars 2016.

Mais d’ici là, pendant dix-huit mois, la même loi permettra à l’État de céder autant d’actions qu’il le souhaitera. Et pourra même descendre sous les seuils planchers de 70% chez EDF ou de 33% chez GDF Suez.

Bien sûr que nous allons utiliser la loi Florange

À l’époque du vote de la loi, Arnaud Montebourg s’était félicité du renforcement du pouvoir public dans les fleurons industriels français. Son successeur, Emmanuel Macron, semble l’interpréter d’une tout autre manière.

La loi Florange donne à l’État davantage de souplesse pour vendre des participations, assure un de ses proches. Bien sûr que nous allons l’utiliser!” Cette disposition va surtout permettre à l’État de conserver le même nombre de droits de vote, tout en cédant un nombre important de parts.

Le JDD a demandé à Sodali, société de conseil en gouvernance, de réaliser des projections sur l’application de ce dispositif. Les résultats sont clairs : la grande braderie de l’État pourrait rapporter jusqu’à 16 milliards d’euros s’il cédait tout ce qu’il peut sans perdre son influence.

La vente de 10% d’EDF rapporterait 4,2 milliards et 3,4 milliards d’euros pour 10% d’Orange. Et serait sans conséquence pour les votes en assemblée générale. Mais pas pour les autres actionnaires qui hurlent déjà à un abus de pouvoir.

Les investisseurs sont contre ce dispositif que l’État va leur imposer alors qu’il était, hier, soumis à leur vote, explique Louis Barbier, qui a mené cette simulation chez Sodali. Ils craignent de perdre du poids face à la puissance publique.

Aéroports de Paris et RTE en ligne de mire

La vente de 1,9% d’Orange par la Banque publique d’investissement, fin septembre, préfigure un probable retrait de l’État qui considère ne plus avoir besoin d’en détenir 25 %. Le rachat en cours de l’espagnol Jazztel pourrait lui donner l’occasion d’abaisser sa participation. Reste tout de même quelques totems à manier avec précaution, comme EDF.

Pour réaliser 10 milliards de cession, il sera difficile de ne pas toucher aux participations dans l’énergie. Ce sont elles qui contiennent les plus gros gisements de valeur“, note Arié Flack, fondateur de la Compagnie financière du lion et banquier d’Arnaud Montebourg pendant deux ans à Bercy.

Sans toucher directement à EDF, l’État pourrait pousser à l’ouverture du capital de Réseau de transport de l’électricité (RTE), la filiale qui gère les lignes à haute tension. Éternel serpent de mer, le dossier a été remis sur la table avant l’été, selon plusieurs sources proches d’EDF.

Rien n’est lancé mais le consensus s’établit“, explique l’une d’entre elles. Vendre environ 30% de RTE, actuellement valorisé à 5 milliards d’euros, apporterait 1,5 milliard à EDF, puis à l’État. Selon nos informations, le gouvernement serait favorable à une telle opération. L’influent président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, François Brottes, aussi.

Surtout si la cession permet de rapprocher RTE d’un homologue européen pour créer le fameux “Airbus de l’énergie” que François Hollande avait appelé de ses vœux en janvier.

L’autre grand sujet concerne la possible privatisation des Aéroports de Paris (ADP). “Le gouvernement attend de voir comment se passe celle de l’aéroport de Toulouse puis celle de Lyon pour se décider, explique un banquier connaisseur du dossier. Mais l’État pourrait vendre 15% pour conserver une minorité de blocage“.

Pour le gouvernement, qui ne parvient pas à combler les déficits et réduire sa dette, toutes les options restent ouvertes.

Le JDD

(Merci à Ubu)

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