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Une première en France. À Massy (Essonne), la mosquée sera écologique. Une manière de concilier le message du Prophète et les économies d’énergie. L’eau et la lumière sont au cœur de la conception de l’édifice, qui devrait être terminé en septembre 2016. Mais les portes de la mosquée s’ouvrent déjà pour la prière du vendredi.

« Le Prophète Mahomet faisait ses ablutions avec un verre d’eau. Le message nous enjoint de ne pas prendre plus que nécessaire. » Pour le président du Conseil des musulmans à Massy (CMM), la question de l’économie d’eau était une priorité dans la réalisation du projet de mosquée écologique.

« Cinq prières, cela signifie autant d’ablutions par jour. Les fidèles se lavent les mains, la bouche, le nez, la figure… Cela demande une certaine quantité d’eau. » Tout a été fait pour réduire la consommation d’eau, tout en permettant au fidèle de faire ses ablutions de manière adéquate : réducteur de débit en amont, robinets à capteurs optiques et « double plancher incliné pour que l’eau puisse s’écouler au centre ». Un bassin de rétention d’eau de pluie alimentera les chasses d’eau.

Le président de l’association s’attend à des économies considérables : « Un litre d’eau par ablution, au lieu de trois à six litres dans une mosquée classique », selon les mesures réalisées à la mosquée de Créteil par les étudiants de l’école d’ingénieurs de Sceaux, partenaires du projet. Mais une mosquée écologique se doit d’optimiser toutes les sources d’énergie.
La lumière naturelle est ainsi privilégié. « Normalement, c’est du minaret qu’est lancé l’appel à la prière. À défaut, le minaret ouvert appelle vers le ciel. Il permet de faire un appel de lumière vers l’intérieur. »

Une coupole de verre pour plus de lumière

La conception de la salle de prière, ouverte pour la prière du vendredi et le ramadan, est identique. Une coupole en verre, de huit mètres de diamètre sur quatre de hauteur, domine la salle principale, réservée à la prière des hommes, et la mezzanine pour les femmes, qui bénéficient d’un éclairage naturel considérable en dépit des nuages.

Sur le contour de la coupole, huit fenêtres mécanisées permettent d’utiliser la ventilation naturelle au maximum: « 1.000 personnes dans la salle principale, 500 sur la mezzanine, ça dégage beaucoup de chaleur. Aux fenêtres s’ajoute une centrale à double flux située sur le toit, permettant de traiter 20.000 m3 d’air par heure. »

Tout a été pensé pour l’efficacité énergétique de la mosquée : pompe à chaleur, double vitrage, chauffage au sol, éclairage aux ampoules LED… « Les travaux des étudiants ingénieurs nous ont vraiment aidés dans nos choix. »

La sobriété énergétique va de pair avec celle de l’architecture. « En dialoguant avec les services d’urbanisme de la mairie, nous avons opté pour des formes simples et modernes ». Résultat : la mosquée, située dans un quartier de bureaux, ne détonne pas de son environnement. « Heureusement, le pinacle posé en haut du minaret permet de l’identifier. »

Mille donateurs

Si l’édifice est déjà partiellement ouvert, la fin des travaux est prévue pour septembre 2016. « Tout dépend des donations, seule source de financement de l’ouvrage. » Près de 1 000 fidèles ont déjà participé au financement, chacun offrant « entre 10 et 10 000 euros ».

C’est que l’attente est grande chez les musulmans de Massy : « Dans les années 80, nos anciens avaient déjà l’idée de construire une mosquée. Mais jusqu’ici, les fidèles musulmans se contentaient de salles de prières dans des foyers ou priaient dehors. » La création du CMM, en 2003, a permis d’obtenir le permis de construire en 2007, avant le lancement des travaux en 2011.

Au delà d’un édifice écologique, la mosquée de Massy sera donc un lieu de rencontre, et pas seulement pour les musulmans : « Un espace culturel permettra d’organiser des expositions et des conférences ouvertes au public. Il est important de favoriser le vivre-ensemble. » D’ailleurs, la synagogue est toute proche. « Pendant le Ramadan, nous avons organisé un repas interreligieux dans la mosquée, se souvient le président. Aujourd’hui, les juifs m’invitent pour la fête de Soukkot. »

Le Monde

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