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Addendum : Plus de 10.000 expulsions chaque année

Elles vivent dans la crainte de voir arriver l’huissier et les policiers et de se retrouver à la rue : des milliers de familles menacées d’expulsion pour impayés vont bénéficier d’un répit car la trêve hivernale est rentrée en vigueur ce 1er novembre.

Cette trêve, obtenue par l’Abbé Pierre après l’hiver 54, démarre chaque année le 1er novembre mais débute véritablement la veille au soir, les expulsions étant interdites entre 21 h 00 et 6 h 00. Elle0 interdit jusqu’au 31 mars toute expulsion de locataires, même si le propriétaire a entamé une procédure judiciaire. […]

Jusqu’à vendredi soir, la situation restait tendue pour beaucoup de foyers, soulignait Benoît Filippi, du Réseau Stop aux expulsions (Resel), car “les expulsions s’accentuent juste avant la trêve”. Forcément, souligne Jean Perrin, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers, puisque la trêve réduit la période d’intervention. […]

“La crise entraîne une augmentation des impayés, qui entraîne une augmentation des assignations en justice, qui entraîne une augmentation des jugements, et donc une augmentation des expulsions”.

Clélia, 33 ans, a été assignée en justice en octobre, pour 14 000 euros d’impayés. Elle vit dans un appartement de 60m2 à Paris, avec ses deux enfants de 5 et 8 ans et son jeune frère, pour un loyer de 1 365 euros. Sa situation a basculé après une séparation, et malgré ses deux emplois, elle ne peut faire face aux échéances. “J’ai toujours peur de perdre mon emploi ou mon logement”. Sa seule solution: avoir un logement social ou “doubler mon salaire”, ironise-t-elle.

En 2013, près de 162 000 assignations en justice ont eu lieu, et près de 123 000 familles ont fait l’objet d’une décision d’expulsion pour dette locative. Toutes ces décisions n’aboutissent pas à une expulsion par la force publique. En 2012 (derniers chiffres connus), les interventions manu militari s’établissaient autour de 11 000. Car au fil de la procédure, beaucoup de ménages partent d’eux-mêmes […]

Alors que les bénéficiaires du droit au logement opposable (dalo) sont supposés ne pas être expulsés tant que l’Etat ne leur a pas proposé de relogement, de plus en plus de cas d’expulsions ont été dénoncés. Pour Patrick Doutreligne, “la prévention des expulsions a été abandonnée”. Et “le drame c’est qu’il n’y a pas de solution de relogement”, face à un manque de logements sociaux et un dispositif d’hébergement saturé qui laisse déjà de plus en plus de SDF dehors.

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