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Dans beaucoup de régions viticoles, un insecte bien encombrant, Drosophila suzukii fait une entrée en scène remarquée pendant ces vendanges 2014.

On l’annonce un peu partout et c’est le sujet qui fait causer depuis quelques semaines dans beaucoup de vignobles du centre et du nord de la France (Bourgogne, nord de la vallée du Rhône, Beaujolais…) mais aussi étrangers (Suisse, Allemagne…), au point que certains vignerons particulièrement touchés ont dû anticiper les vendanges à cause d’elle.

La drosophile, un insecte ravageur qui se développe habituellement sur des fruits déjà abîmés, tout le monde connaît ! “L’originalité” cette année, c’est que ces drosophiles piquent également des fruits sains, matures ou en cours de maturation. Et c’est probablement à Drosophila suzukii, une espèce de 2 à 4 mm de longueur, apparue en Europe, en 2009, sur le pourtour méditerranéen que l’on doit ce nouveau problème.

La version asiatique de la drosophile est en effet dotée d’une sorte de dard qui lui permet de s’attaquer à des fruits sains. “Elle introduit ses oeufs en perçant la peau et les larves se nourrissent de la pulpe, favorisant le développement de bactéries et de moisissures qui entraînent un pourrissement du fruit“, expliquent Jean-Luc Gatti et Arnaud Ridel du centre Inra Paca de Sophia-Antipolis (unité mixte de recherche ISA – Institut Sophia-Agrobiotech).

Résultat, quand on arrive à proximité d’un raisin infecté, c’est une odeur à mi-chemin entre le vinaigre et le moisi qui monte au nez. En vinification, les consignes sont d’assainir le milieu par l’apport, dès l’arrivée en cuverie, de dioxyde de soufre (SO2) et de favoriser des départs rapides en fermentation alcoolique. Notons que le problème ne concerne que les vins rouges, dans la mesure où la drosophile asiatique ne s’intéresse qu’aux fruits de couleur foncée. Les cépages blancs, chardonnay, riesling, chenin blanc, sauvignon, marsanne… sont donc épargnés.

Privilégier la lutte biologique

Selon certains vignerons rencontrés en Bourgogne ces derniers jours, les attaques seraient plus nombreuses dans les vignes issues de sélections clonales précoces, où les raisins se gorgent rapidement de sucre après la véraison, tout en conservant des peaux assez fines, donc plus faciles à percer pour la drosophile ; une hypothèse qui reste à démontrer.

Ce qui inquiète surtout les producteurs, c’est de voir arriver aussi brutalement un nouvel insecte ravageur dont le potentiel nuisible est encore difficile à évaluer.

Pour les chercheurs, la lutte biologique est une voie à explorer prioritairement pour régler le fond du problème. “La lutte biologique repose sur l’utilisation d’organismes vivants appelés auxiliaires, ou des molécules dérivées de ces organismes, pour lutter contre des espèces nuisibles. Parmi ces auxiliaires, les guêpes endoparasitoïdes (qui pondent dans un autre insecte, s’y développent et entraînent sa mort), sont généralement très spécialisées vis-à-vis de leur hôte, limitant d’éventuels impacts sur des espèces non cibles. En l’état des connaissances, D. suzukii connaît peu ou pas de compétiteurs dans nos régions, mais des parasitoïdes ont été décrits dans son aire d’origine, l’Asie“, commentent Jean-Luc Gatti et Arnaud Ridel qui poursuivent : “Dans ce contexte, les chercheurs […] souhaitent, d’une part, déterminer les possibilités d’adaptation des parasitoïdes locaux à D. suzukii et, d’autre part, évaluer le potentiel d’espèces exotiques.

Le Point

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