Fdesouche

Trois jeunes étudiants d’Afrique de l’ouest ont été les derniers à faire les frais de la montée de xénophobie en Inde. Les incidents racistes visant les Africains se sont multipliés au cours des dernières années.

La brutale agression physique de trois jeunes étudiants gabonais et burkinabè dans une station de métro au centre de New Delhi il y a deux semaines a relancé le débat sur le racisme et la xénophobie dont les Africains sont victimes en Inde.

(…) Selon des observateurs, travaillés par des sentiments d’intolérance et de rejet de l’autre, les Indiens vivent mal leur propre diversité.

Les populations de type asiatique du nord-est, installées dans les grandes villes du pays en savent quelque chose. Ils sont régulièrement cibles d’agressions en raison de leurs différences physiques et culturelles. Delhi a été récemment le théâtre de plusieurs attaques racistes contre les Indiens en provenance des Etats du Nord-Est.

(…) Les Africains sont les nouvelles cibles du racisme indien. Les actes hostiles à leurs égards se sont multipliés au cours des denières années au fur et à mesure que les Africains sont entrés dans l’espace public indien à la faveur de la mondialisation de l’économie indienne.

Plusieurs dizaines de milliers d’Africains ont fait le choix de s’installer en Inde qui pour suivre des études, qui pour travailler dans la restauration ou dans d’autres industries.

Sur les 50 000 étudiants étrangers inscrits officiellement dans les universités et les grandes écoles indiennes, beaucoup sont originaires d’Afrique noire.

Leur présence surprend, inquiète nombreux Indiens qui ne sont jamais sortis de chez eux et ont du mal à imaginer que le monde soit habité par des gens si différents d’eux. « Quel ne fut mon embarras, raconte un étudiant noir américain parti visiter le zoo dans une ville de l’Inde profonde, de me retrouver face à une cinquantaine de familles qui me dévisageaient plutôt que les girafes que nous étions venus admirer ! »

(..) Plus récemment, le racisme a pris une tournure officielle lorsque le ministre de l’intérieur de l’agglomération de Delhi a conduit personnellement une équipe de policiers dans un quartier populaire dans le sud de la ville où se sont établies des familles africaines. Ils ont fait irruption en pleine nuit dans des immeubles qui avaient été dénoncés par les voisins indiens comme des lieux de perdition fréquentés par les drogués et les prostitués noirs.

Des incidents racistes touchant des Africains ont également eu lieu à Bombay, à Bangalore, à Goa ainsi que dans d’autres grandes villes.

Les racistes indiens s’en prennent aux Africains à cause de la couleur de leur peau. « C’est la haine de la peau sombre qui est à l’origine du racisme en Inde », explique l’étudiant américain Diepriye Kuku.

Il suffit en effet de parcourir les annonces matrimoniales dans les journaux indiens pour s’apercevoir combien la peau claire est valorisée par la société indienne qui a pourtant combattu la domination «blanche».

L’Inde est malade de son racisme, a titré la presse indienne au lendemain des événements du 28 septembre. Pour Siddharth Varadarajan, journaliste réputé et bon connaisseur des relations économiques indo-africaines, « le rejet des autres races n’a cessé de s’accroître en Inde, à mesure que le pays s’est enrichi ».

Dans les colonnes de son journal le Times of India, Varadarajan a appelé les autorités indiennes à prendre sans tarder les mesures qui s’imposent pour prévenir de nouveaux actes racistes envers les étrangers, en particulier envers les Africains: « Eduquez, réprimandez, sanctionnez, humiliez, rappelez à l’ordre » les récalcitrants, a-t-il écrit.

RFI

—– L’agression de trois étudiants africains dans une station du métro de New Delhi. La foule en colère avait pris d’assaut l’abri de police où les étudiants pourchassés s’étaient réfugiés.

Fdesouche sur les réseaux sociaux