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Ne pas prendre le risque de tuer avec des bombes françaises des citoyens français partis faire le djihad. C’est le grand non-dit des hésitations de l’Elysée quant à une intervention militaire en Syrie contre l’Etat islamique. D’autres arguments, plus ou moins convaincants, sont mis en avant. Mais de celui-ci, personne ne veut parler.

Le sujet est politiquement explosif. Au plus mal dans l’opinion publique, le pouvoir est-il prêt à assumer que des jeunes Français, pour la plupart d’origine immigrée, soient tués par l’armée française aux ordres d’un gouvernement socialiste ? Pour l’instant, la réponse est négative – d’où les atermoiements de la position de Paris telle qu’elle a encore été exprimée jeudi par un communiqué de l’Elysée à l’issue d’un conseil restreint de défense.

Une source au ministère de la Défense estime que 350 à 360 Français, ou résidents en France, sont actuellement présents sur le théâtre, l’immense majorité d’entre eux en Syrie et non en Irak. Au total, près d’un millier de personnes, la plupart très jeunes, sont impliquées dans ce djihad tricolore. Près d’un quart d’entre eux sont des convertis et les femmes sont environ 20%. On compte aussi quelques mineurs. La même source assure que 37 Français ont déjà été tués dans les combats, par les forces de Bachar, d’autres groupes rebelles ou par les récentes frappes arabo-américaines.

Si, demain, la France décidait d’élargir les (rares) frappes qu’elle conduit en Irak sur le territoire voisin de la Syrie, il est quasiment certain que des Français feraient partie des victimes. Ce sera une première dans l’histoire récente de notre pays. Certes, une grande majorité de l’opinion publique ne trouverait rien à redire à ces «dommages français collatéraux» de la lutte contre le djihadisme, mais cela pourrait radicaliser plus encore une partie de ces jeunes touchés par la propagande djihadiste et les pousser à passer à l’action sur le territoire national.

Les responsables de la sécurité intérieure suivent ce dossier comme le lait sur le feu. Sans compter que les familles pourraient engager des procédures juridiques contre l’Etat. Même si celles-ci auraient peu de chances d’aboutir, elles créeraient un climat de polémique dont le gouvernement préfère se passer.

Alors ministre de l’Intérieur, Manuel Valls parlait en 2012 de «l’ennemi de l’intérieur» : «La menace terroriste est bien là, présente sur notre sol en particulier dans nos quartiers populaires». Deux ans plus tard, les choses ne se sont pas améliorées, tant s’en faut. Cet «ennemi de l’intérieur» préfère aujourd’hui s’exporter au Moyen-Orient pour y combattre les «mécréants» sous les ordres du «calife Ibrahim». Mais dans ce monde globalisé, les concepts d’«intérieur» et d’«extérieur» perdent beaucoup de leur signification. Est-il légitime, pour un gouvernement, de tuer ses ressortissants qui combattent dans un pays étranger ? […]

L’Opinion via Le Salon beige

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