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Extraits d’une tribune de l’anthropologue Dounia Bouzar, également directrice du “centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam” (CPDSI).

Il n’y a pas plus islamophobe que de penser que l’islam revient à interdire la musique, le sport et l’école ! On sait que les représentations négatives de l’islam ont mené à la stigmatisation et à la discrimination, mais on dit moins qu’elles ont également mené au laxisme. Plus personne ne s’étonne de rien quand il s’agit de l’islam : «chez eux», c’est comme ça…

D’aucuns trouvent que les musulmans ne se mobilisent pas assez pour dénoncer la barbarie des terroristes qui se revendiquent de l’islam. L’affaire n’est pourtant pas simple. D’abord, nous sommes dans une nation où, contrairement à l’Angleterre, les citoyens ont transcendé leurs différences pour «ne former plus qu’un». C’est donc tous ensemble, au nom des droits de l’homme, que l’on se soulève lorsque ces derniers sont bafoués.

Mais il y a une autre explication du malaise des Français de confession musulmane : on n’a jamais demandé au pape de s’expliquer sur les suicides collectifs du Temple solaire… pourquoi ? parce que l’opinion publique savait que le Temple solaire relevait d’une dérive sectaire et ne représentait en rien les catholiques. Lorsque l’on demande aux musulmans de rendre des comptes sur l’agissement de mafieux terroristes qui instrumentalisent leur religion pour justifier leurs assassinats, cela revient à considérer qu’il y a un lien entre l’islam et la barbarie. Et c’est là que la difficulté commence.

Bien entendu que les «jihadistes» utilisent des versets historiques du Coran (ceux qui racontent un pan de l’histoire musulmane) comme s’ils étaient des principes de l’islam. Ils vont ignorer un verset qui demande le respect des autres croyants […].

Les terroristes «jihadistes» sont forts : ils reprennent chaque élément de l’islam, l’ôtent de son contexte et le tournent à l’envers de sa signification première. Mais l’opinion publique, elle, les perçoit comme des musulmans. […]

Avant d’en arriver à l’extermination externe des yazidis et des chrétiens, ils ont commencé par la purification interne. Pourquoi la politique internationale n’a-t-elle pas réagi dès cette première étape ? A chaque fois, les musulmans sont les premières victimes des terroristes qui prennent en otage leur religion.

Libération

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