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Serge Moati a suivi Jean- Marie Le Pen pendant vingt cinq ans. Il en a fait un livre “Le Pen, vous et moi”. Il se confie au FigaroVox. Bien que “ toujours été révulsé par ses idées et les thèmes qu’il développait” il admet que “Le Pen n’est pas le diable, ce serait trop facile !” Extraits de son entretien concernant les électeurs du FN et Marine Le Pen.

Après avoir fait du FN le premier parti de France lors des élections européennes, cela l’a rend effectivement plus dangereuse dans la perspective de la présidentielle de 2017, même si je n’arrive pas à me résoudre à croire qu’elle parviendra à l’emporter.

Au-delà du personnage de Jean-Marie Le Pen, quel regard portez-vous sur les électeurs du FN, souvent issus des classes populaires ?

Si vous voulez parler du FN «light» ou «relifté» de Marine Le Pen, il s’adresse et séduit surtout ces temps-ci des citoyens issus de milieux populaires, trop souvent en précarité, et qui se sentent abandonnés parce qu’elle nomme l’ «UMPS». Avant, ces Français-là ne rejoignaientt pas le FN, le premier FN celui de Jean-Marie Le Pen. Ces nouveaux militants disent: «On a essayé la droite, on a essayé la gauche, voyez où on en est! Cela va de pire en pire! Le FN, on ne l’a pas encore essayé, alors, allons-y!» A suivre …

Que pensez-vous de l’ascension de Marine Le Pen que vous avez vu grandir ?

Elle a beaucoup hérité des talents oratoires de son père, de son mélange de parler châtié et de parler populaire. Elle a également senti qu’il fallait prendre ses distances avec les «dérapages» de celui-ci. Sa tactique est de rendre le FN «présentable» tout en agglomérant certains des thèmes fondamentaux du vieil FN pour en conserver l’électorat et les voix. Par exemple, elle rend, comme son père, l’immigration responsable de tous les maux. Ceux du chômage en particulier. Elle n’hésite pas à faire un lien entre immigration et insécurité, et dénonce de manière très violente un présupposé islamisme militant qui se cacherait, selon elle, à l’abri des flux migratoires. Le bouc émissaire du FN n’est plus le juif, mais l’islamiste qui se cacherait derrière l’immigré.

D’une certaine manière, peut-on dire qu’elle est plus “dangereuse” que son père?

Jean-Marie Le Pen aimait son statut de tribun qui secoue la République. Il avait un vieux compte à régler avec celle-ci après avoir vécu de l’intérieur toutes les défaites de l’ancien empire colonial. Il voulait également faire trembler l’ «establishment» qui l’avait rejeté. Mais au soir du 21 avril 2002, lorsque je l’ai filmé, il y a avait de la mélancolie dans son regard. Comme il me l’a expliqué, il se demandait comment il allait pouvoir trouver un Premier ministre et un secrétaire général de l’Elysée! Il avait conscience d’être isolé et je crois qu’au fond de lui, il ne voulait pas gouverner. Au contraire, Marine Le Pen veut prendre le pouvoir. C’est même une obsession chez elle. Pour cela, elle tente de s’entourer d’énarques, d’économistes, de transfuges de certains cabinets ministériels ou de certains partis politiques de l’ «establishment».

Le Figaro

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