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Au croisement du jeu-vidéo, de l’agriculture et de l’économie, Viridis propose un autre modèle de travail collectif et solidaire. Dans un monde post-apocalyptique, les générations rescapées doivent leur survie au « contre-poison vert », la spiruline. Cette ressource alimentaire et énergétique les immunisent contre les effets de la brume qui s’est répandue suite à la catastrophe.

Le joueur incarne un « enfant du monde de l’après » dont la mission est d’implanter une nouvelle ferme pour une colonie future. Il doit ainsi partir en exploration, récupérer des matériaux, les assembler et les réemployer afin de créer les conditions de production de la spiruline.

Son avancement lui permet d’acquérir des points d’expériences réinvestis dans la gestion de la ferme réelle. Par des systèmes de monitoring, d’automatisation et de référendum, il est collectivement en charge de la production de la spiruline. Le fermier est là pour le guider à l’image du mentor, figure didactique que l’on retrouve dans l’univers du jeu.

L’interdépendance entre jeu et ferme réelle permet de fusionner l’expérience entre virtualité et matérialité.

Vous aviez déjà géré une ville, un parc d’attraction ou même un zoo en jouant aux jeux vidéo ? Essayez donc les fermes ! Mais attention : cette fois, plus question de faire semblant car ce sont des actions IRL (In the Real Life/Dans la vraie vie – NDLR) que vous mènerez du fond de votre canapé.
Viridis est un jeu qui permet à ses utilisateurs de gérer collectivement une exploitation agricole de Spiruline, cette algue verte aux mille vertus qui peuple les magasins bio. Une manière originale de lier nouvelles technologies et agriculture responsable avec, de surcroît, des conséquences bel et bien réelles.
Une expérience au delà du virtuel
Ce projet, mis en place par le duo Art-Act (et repéré par le designer Geoffrey Dorne), s’appuie en effet sur une ferme à Spiruline implantée dans les Cévennes, dont le management dépend des actions menées par les internautes participant à l’expérience.
La maintenance de la ferme et le suivi des étapes de production est assumé par les visiteurs virtuels, guidés par le fermier responsable de l’exploitation et présent sur les lieux, qui assure le mentorat des joueurs.
Favoriser le collectif
Éloignement du point d’eau, problématiques énergétiques ou recherche de ressources et de matériaux sont autant de défis, à la fois ludiques et concrets, à relever collectivement. Le sens du groupe est un aspect fondamental de l’expérience car la coopération est indispensable pour la survie de la ferme.
Gaspard et Sandra Bébié-Valérian, qui forment le duo à l’initiative de Viridis, ont réussi à donner à leur idée une portée passionnante et ambitieuse : celle d’une réappropriation des technologies au bénéfice d’une pensée critique du monde. En détournant les codes du jeu vidéo – et ceux d’une industrie habituellement dédiée au loisir – au profit d’une expérience coopérative, les deux artistes proposent aux participants de relever des enjeux sociétaux tels que ceux de l’agriculture intelligente et de la préservation des ressources naturelles.
En utilisant la gamification, ils nous proposent également un autre modèle de travail collectif et solidaire rendu possible par le numérique et contribuent à révéler ainsi l’incontestable potentiel positif du jeu vidéo.
Le tout sans négliger pour autant le caractère ludique, narratif et esthétique de l’oeuvre, qui nous fait évoluer dans un univers basé sur un scénario post-apocalyptique et composé de panoramiques photographiques et d’effets son et lumière recherchés.
L’expérience, ouverte depuis le mois de mai, est encore accessible jusqu’en octobre 2014.
Rslnmag

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