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Et si trois séances de 30 minutes de vélo d’appartement par semaine permettaient de se passer de paracétamol ou d’anti-inflammatoires? Un rêve pour tous les «douloureux chroniques», selon le terme médical consacré pour qualifier les millions de patients dans le monde qui prennent chaque jour leur traitement.

C’est l’espoir que soulèvent les travaux publiés ce mois-ci dans une revue internationale spécialisée en médecine du sport (Medicine & Science in Sports & Exercise). Des chercheurs australiens, répartis entre l’Université de New South Wales et un vaste centre de recherche privé, le Neuroscience Research Australia à Sydney, ont comparé la sensibilité à la douleur de 12 adultes en bonne santé, mais inactifs, qui acceptaient de s’engager dans un programme d’entraînement physique (groupe actif), à celle de 12 adultes d’âge similaire, également en bonne santé mais restant inactifs pendant les six semaines de l’étude (groupe inactif). Les 24 cobayes étaient, bien sûr, inactifs au départ.

« L’effet analgésique (qui réduit la douleur, NDLR) pendant l’exercice physique est bien connu, expliquent les auteurs, cependant les effets de l’exercice régulier sur la sensibilité à la douleur sont largement inconnus. » C’est cet effet analgésique persistant en dehors même des trois séances de vélo d’appartement par semaine que les chercheurs australiens ont mis en évidence.

Le principe de base de l’être humain, c’est de s’adapter
« Ce n’est pas surprenant, commente David Lefrançois, directeur de l’Institut des neurosciences appliquées (Paris), le principe de base de l’être humain, c’est de s’adapter. Or, il n’y a pas que la masse musculaire qui se développe en réponse aux efforts récurrents qui lui sont demandés. Sur le plan psychologique aussi, lorsque l’on s’habitue à supporter les douleurs du sport, il devient plus facile d’accepter d’autres types de douleurs. »
Car, dans l’étude australienne, les investigateurs ont pris soin de distinguer deux seuils différents. Le seuil à partir duquel les volontaires ressentaient la douleur et celui à partir duquel elle devenait insupportable. Le premier fixe la sensation douloureuse, très variable d’un individu à l’autre mais relativement constante pour une même personne.
Le second détermine la tolérance à la douleur, elle aussi très spécifique d’un individu donné. Deux techniques étaient utilisées pour déterminer ces seuils, la première avec un appareil infligeant une pression croissante sur la peau, la seconde à l’aide d’un brassard à tension gonflé progressivement. D’abord douloureuse, la sensation devient vite insupportable.
Au bout de six semaines, lorsque les 24 volontaires refirent les tests, les seuils n’avaient pas bougé pour le groupe inactif alors qu’une modification était apparue dans le groupe actif: la tolérance à la douleur était plus importante. Autrement dit, les cobayes ressentaient toujours la douleur pour la même pression infligée, mais ils parvenaient à accepter une pression plus forte avant qu’elle ne devienne insupportable.
L’intérêt potentiel de cette étude est considérable, même si elle n’a été réalisée que sur 24 individus en bonne santé. Si ces résultats se confirment sur un plus vaste échantillon et surtout chez des malades atteints d’arthrose, de lombalgie ou de fibromyalgie (douleurs persistantes diffuses d’origine inconnue), leur qualité de vie pourrait s’en trouver considérablement améliorée… sans médicaments. Recommander du sport, en douceur, à des gens qui souffrent pour réduire leurs douleurs peut paraître paradoxal, mais les résultats sont là.

Le Figaro

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