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Remontant aux origines chrétiennes de la fête de l’Assomption, l’historien Louis Manaranche nous explique pourquoi une célébration à l’origine catholique s’est perpétuée dans la France laïque.
Le 15 août est une fête mariale. Les catholiques y célèbrent l’Assomption de la Vierge Marie, c’est-à-dire sa fin glorieuse qui échappe au sort commun de la mort naturelle. Préservée du péché originel, anticipant ainsi le salut offert à l’humanité entière par le sacrifice de son fils Jésus, la Vierge Marie quitte la vie terrestre sans connaître la corruption de la chair.

L’Assomption de la Vierge – Charles Le Brun (1619-1690)


Si celle-ci est présente dans le calendrier depuis le VIe siècle, c’est sous le règne de Louis XIII qu’elle prend un relief particulier. Celui-ci, dans l’attente anxieuse d’un héritier, décide de consacrer la France à Marie, d’offrir à celle-ci le pays et ses habitants, le roi prenant d’une certaine manière l’humble posture d’un régent. Le vœu du roi ayant été exaucé, la fête de l’Assomption, Notre-Dame d’été, est devenue une fête nationale avant la lettre. Dans tout le pays, des processions dites du vœu de Louis XIII parcouraient les moindres paroisses reculées. Aujourd’hui encore, à Notre-Dame, la procession annuelle est conclue par la lecture solennelle, par un évêque, de ce vœu royal.

La continuité qui marque, à l’exception des années révolutionnaires, la célébration du 15 août est ainsi devenue un des symboles de la continuité de l’histoire de France au-delà des changements de régimes et des évolutions de société.

Un acte de foi qui date de près de quatre siècles a encore des conséquences jusque dans nos jours de repos légal, nous rappelant s’il en était besoin que nous ne nous sommes pas engendrés nous-mêmes mais que nous avons éclos sur un humus dont nous ne pouvons nous déraciner sans arrachement.
Néanmoins, le sens profane de cette fête ne s’arrête pas là. Il y a 377 ans, un roi, doté aux yeux de tous de la plénitude du pouvoir, a fait un geste d’humilité. Que l’on croie au ciel ou que l’on n’y croie pas, on perçoit la noblesse d’un homme d’État qui, ayant fait tout ce qui était possible, s’en remet à une providence. […] L’état d’attente messianique que connaît la France tous les cinq ans lors des élections présidentielles et les cotes toujours plus basses de popularité des présidents quelques mois plus tard sont deux signes d’une seule et même perversion du sens du politique. Notre été français est pourtant rythmé par deux marqueurs qui devraient nous maintenir dans un sain équilibre: le 14 juillet ouvre tous les possibles par la geste révolutionnaire et le 15 août rappelle que tout n’est pas entre nos mains!
Le Figaro

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