Fdesouche

Après « l’action militaire » prônée par le Saint-Siège contre les djihadistes en Irak, François Mabille, professeur des universités catholiques, analyse la nouvelle attitude du Vatican en matière de dialogue interreligieux.

Je pense que la hiérarchie catholique au Saint-Siège s’est effectivement rendu compte qu’il y a un jeu de dupes dans le dialogue interreligieux. Il doit toujours quémander des dénonciations et des condamnations auprès des responsables musulmans. Et aujourd’hui, on a pu relever un certain silence de la part de responsables musulmans face à la violence.

Selon le P. Roucou, directeur du Service national pour les relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques de France et proche du cardinal Tauran, aucune des grandes autorités musulmanes qui font référence au niveau mondial, comme par exemple l’université al-Azhar, n’ont condamné la barbarie de l’Etat islamique. À la grande déception du Vatican.
S’agit-il d’un changement de la politique du Saint-Siège, habituellement si prudent ?
Oui. En général, le Saint-Siège se contente de rappeler les grands principes moraux. Mais là, on passe du moralisme à la morale internationale. […] Peut-on penser que le Vatican réagit particulièrement parce que ce sont surtout des chrétiens qui sont concernés ?
Cette prise de position s’explique sans doute par le fait que les chrétiens d’Orient sont parmi les premiers concernés. Mais, encore une fois, je crois surtout que la ligne de Jean Paul II et de Benoît XVI, axée sur le dialogue interreligieux, a montré ses limites. Le premier, en rassemblant tout le monde à Assise, voulait montrer que nous sommes tous unis pour la paix et par le dialogue et la prière. Benoît XVI, lui, disait qu’il fallait un dialogue fondé sur la raison et que la raison devait primer dans le dialogue. Mais au bout de 20 ans, on voit bien que ça ne suffit pas. Le dialogue interreligieux ne pouvait empêcher des violences qui ont entre autres des motivations religieuses.
Le Saint-Siège ne veut-il pas mettre fin à une certaine naïveté? Après tout, les agressions anti-chrétiennes en Orient ne datent pas d’hier. La déclaration du cardinal Tauran, responsable du dialogue interreligieux, est particulièrement ferme à l’égard des responsables religieux qui ne condamnent pas la barbarie…
[…] La position du Vatican a aussi évolué parce que les chrétiens d’Orient eux-mêmes réclament une intervention. […] la position du Vatican a aussi évolué parce que les chrétiens d’Orient eux-mêmes réclament une intervention. Jusqu’alors, ils étaient divisés et souvent dépendants de régimes autoritaires, comme par exemple les régimes baasistes en Syrie et en Irak. Le Saint-siège était prisonnier des demandes de silence des uns ou des autres au cours des dernières décennies. Maintenant, l’ensemble de ces minorités se rendent compte que les Etats explosent, comme en Syrie, en Irak ou au Liban.[…] La Vie

Fdesouche sur les réseaux sociaux