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Mohamed S., 23 ans, a été condamné une peine de quatre mois ferme avec mandat de dépôt (incarcération immédiate) pour avoir refusé un contrôle d’identité et s’être débattu après la manifestation parisienne de dimanche.

Le tort de Mohamed S., 23 ans, manutentionnaire, est d’avoir marché en compagnie de son petit frère et d’un autre ami, Renaud, qui tous deux avaient enroulé un keffieh autour leurs visages. Leurs traits étaient masqués, et c’est donc au nom de la «loi antiburqa» que trois policiers ont dit avoir arrêté leur véhicule à leur hauteur, et avoir voulu interpeller le petit frère de Mohamed.

Un moment, on a cru à une caricature, un mauvais film. La présidente du tribunal (blanche, la cinquantaine, fort accent bourgeois, coupe au carré) harangue le prévenu (jeune, arabe, des marques des coups infligés par la police encore sur le visage), lui coupant sans cesse la parole, lui reprochant chaque mot qu’il tente : «Vous dites que le contrôle d’identité était abusif, mais est-ce à vous d’en juger ? Vous n’êtes pas ici pour vous exprimer, mais pour répondre à mes questions.»

De l’entrée en matière, où elle se moque de son nom de famille, à la conclusion – une peine de quatre mois ferme avec mandat de dépôt (incarcération immédiate) pour avoir refusé un contrôle d’identité et s’être débattu – chaque minute de l’affligeante et courte scène qui s’est jouée mardi devant la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris faisait croire à une triste farce. […]

L’avocat de Mohamed, Nicolas Putman, retrace le parcours d’un jeune homme, ancien délinquant, condamné à un an de prison ferme pour avoir projeté un braquage, parfaitement réinséré et à la conduite exemplaire depuis sa libération il y a un an. A peine dehors, il a trouvé un emploi, et le patron le qualifie d’«employé modèle». […]

Libération

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