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Les logements gris qui entourent le Centre pour enfants de Gascoigne, à Barking, dans l’est de Londres, sont diversement délabrés. Les travaux de démolition sont inachevés, des parties démolies laissent apparaître du papier peint pastel flottant au vent.

Des familles originaires de plus de 80 pays vivent dans les maisons restantes. Gascoigne, c’est la dernière étape pour beaucoup de ceux qui ont été écartés des logements sociaux britanniques. C’est aussi l’épicentre d’un tremblement de terre démographique qui est en passe de transformer la Grande-Bretagne.

Il y a plus d’enfants par personne à Barking et Dagenham que n’importe où ailleurs en Grande-Bretagne. Une personne sur dix a moins de cinq ans et à l’école maternelle locale, il y a des listes d’attente équivalentes à trois le nombre d’élèves. L’ “heure” du déjeuner à l’école primaire, pleine à craquer, s’étend de onze à treize heures.

A l’intérieur du centre, des cris aigus résonnent entre les murs. Après 20 ans dans les lieux, la directrice Rahat Ismail s’est habituée au bruit. Me guidant vers une pièce plus calme, elle s’assoit sur un tapis aux cotés de neuf mères et neuf bébés. C’est l’heure de Babbling Babes (Bébés Gazouillants), une session de chant ayant pour but d’aider les nourrissons à développer leurs facultés cognitives.

On demande à un garçonnet de 15 mois portant une coiffure afro de choisir deux figurines en plastique, représentant chacune une chanson. Manipuler des objets augmente la motricité et à cet âge un bébé commence à discerner que les expériences des autres diffèrent des siennes.

Jetant un regard à ses pairs, le garçonnet repousse un fermier au nom de MacDonald et opte pour un mouton noir. Nous chantons, nous interrogeant sur sa laine.

Ismail a grandi à Barking dans les années 70, et Gascoigne était alors peuplé de blancs de la classe ouvrière. Quatre décennies plus tard, chez les bébés, on compte un blanc, deux noirs, quatre européens de l’est, un d’Afrique occidentale et un irakien.

Les mères anglaises blanches sont les plus réticentes à participer. « Je comprends ce que ça fait de se sentir en minorité » dit Ismail, « mais les bébés ne voient pas cela, ils se voient comme des amis qui veulent jouer ensembles ».

Se tournant vers les neufs bébés, elle déclare « c’est le visage de l’Angleterre d’aujourd’hui ».

Ils sont aussi le visage du dernier baby-boom en date – et le plus diversifié – en Angleterre.

Au début du 20eme siècle, le futur de l’Empire Britannique se trouvait entre les mains potelées des bébés. La guerre contre les Boers, qui se prolongeait inquiétait le gouvernement : était-ce le signe  d’une nation incapable de maintenir sa place dans le monde ?

En réponse, le “comité interdépartemental sur la détérioration physique (1904) proposa que des visites médicales et des repas gratuits soient introduits dans les écoles . Et recommanda également la « formation maternelle » des parents d’enfants pauvres. A l’époque, tout comme aujourd’hui, il existait une obsession palpable à propos des enfants, de leur développement, et de l’image que cela donnait de l’Angleterre.

[ suite à venir]

 


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