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[quelques extraits] En remerciement de ma fidélité, un grand hebdomadaire m’a proposé de partir « 7 jours en Cappadoce pour 99 euros ». Avec un ami, nous nous sommes inscrits.

A la sortie de l’aéroport, une multitude de bus. Alignés pour accueillir toute la faune de l’avion. Le guide, Ibrahim, ne perd pas de temps : en fait, les 99 euros couvrent l’avion, les nuits d’hôtel et les petits-déjeuners, mais pour pouvoir bénéficier des excursions et des autres repas, nous devons payer 199 euros supplémentaires.

A peine arrivés à l’hôtel, il nous somme de sortir l’argent. Nous refusons sur le champ. Il se met hors de lui.

Nous ne cèderons pas. Nous sortons de l’hôtel, mastodonte en béton et ce que nous voyons est proprement atroce. Nous sommes à Belek, sorte de no man’s land, où les hôtels poussent par dizaines.

Des sacs en plastique et quelques ordures jonchent les bords de route, les chiens errants s’en régalent. Une Vénus en plâtre orne une fontaine caduque. Il y a aussi de petits immeubles gris type HLM, mal finis. On est entre l’architecture stalinienne et celle propre au capitalisme le plus vorace, le plus affamé de bénéfices immédiat. Du kitsch austère. Un mélange de Las Vegas et de Stalingrad.

Dans le bus, Ibrahim, le guide, débite ses affreux commentaires sur l’époque bénie et révolue où les touristes visitant son pays étaient des gens « aisés », « cultivés », « bons vivants ». Alors qu’aujourd’hui, tout le monde vient en Turquie, même les plus pauvres ; c’est du « tourisme au rabais ».

Et pour renforcer son propos, il évoque ce jeune « Maghrébin qui venait de France » . Ibrahim n’aime pas la « racaille », comme « monsieur Sarkozy les appelait ».

Une fierté nationaliste habite Ibrahim. A force d’énumérations de classements, il expose son pays dans toute sa magnificence et en fait une corne d’abondance.

Nous passons la plupart du temps dans un bus, avec un guide qui débite des atrocités, se lançant dans des considérations tour à tour élitistes, racistes, discriminatoires, méprisantes.

Nous sommes en route pour Göreme, le site majeur des « cheminées de fées » en Cappadoce. Seulement, les cars de touristes pullulent, avec les inhérents vendeurs de souvenirs et les dromadaires que l’on utilise pour les photos-souvenirs payantes.

Nous partons ensuite vers Avanos. On ne sait pas si toute la ville est comme la partie où nous nous trouvons, c’est à dire d’une laideur et d’un manque d’intérêt frôlant l’indécence. On en déduit que c’est une destination de plus pour meubler le vide de ce séjour et pour pousser à la consommation.

Nous en avons marre de ce voyage pourri.

etc.

Rue 89

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