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Pour Pierre-Antoine Delhommais, «en s’obstinant à fermer ses frontières aux travailleurs étrangers, le Japon va droit dans le mur».

Bref, le Japon pratique dans les faits cette politique d’immigration zéro dont certains rêvent en France. Soutenue par une opinion publique qui continue de penser en majorité que la pureté ethnique est la meilleure façon de garantir l’harmonie sociale du pays, elle présente un énorme défaut, celui de conduire l’économie japonaise droit dans le mur.

Depuis longtemps, le Japon a la réputation d’être l’un des pays les plus fermés au monde en matière d’immigration. Elle n’est pas usurpée. Le premier créancier de la planète (avec 2300 milliards d’euros d’avoirs étrangers détenus) est visiblement plus doué pour exporter ses capitaux que pour importer de la main-d’oeuvre étrangère.

Les 2 millions d’immigrés qui y habitent ne représentent que 1,6 % d’une population de 127 millions d’âmes. Seuls le Mexique et la Corée du Sud affichent des taux inférieurs. En comparaison, la proportion d’étrangers s’établit en moyenne à 12,5 % dans les pays de l’OCDE, avec des pointes à plus de 20 % en Australie ou en Suisse. Autres chiffres édifiants : en 2011, le Japon n’a laissé entrer sur son territoire que 59 000 immigrés, soit moins que la Norvège. En matière d’accueil de demandeurs d’asile, le Japon se montre plus restrictif encore. En 2011, il en a accueilli 1 870, treize fois moins que la Belgique. Un des rares flux migratoires un peu dynamique vers le Japon se trouve être celui des femmes philippines, qui bénéficient d’un visa spécial leur permettant d’exercer un travail supposé hautement qualifié dans le “monde du spectacle”, formule élégante pour désigner les bars à hôtesses. [ …]

La troisième économie mondiale est au sens propre en train de mourir de vieillesse. En 2013, la population de l’archipel, où le taux de fécondité n’est que de 1,4 enfant par femme, a diminué de 244 000 personnes. Et, selon les projections démographiques de l’Onu, elle aura fondu d’un tiers en 2060 pour s’établir à 87 millions. À cette date, 40 % des Japonais auront plus de 65 ans. Des démographes nippons ont même calculé qu’au rythme actuel, où le Japon compte un enfant de moins toutes les 100 secondes, le pays n’aura plus d’habitants d’ici un millier d’années. D’ores et déjà, de façon un peu terrifiante, les ventes de couches pour adultes dépassent au Japon celles des couches pour enfants.

Cette catastrophe démographique en cours s’annonce aussi comme une catastrophe financière pour un pays dont la dette publique atteint déjà le record mondial de 250 % du PIB. Impossible, avec un tel vieillissement, de financer dans un futur proche les retraites et les dépenses de santé. Seule solution : ouvrir grandes les vannes de l’immigration, comme le fait l’Allemagne, et accepter l’entrée au Japon de millions d’étrangers dans les prochaines décennies.

Seule certitude : de l’avis des spécialistes du football, la venue de joueurs immigrés ferait le plus grand bien à une équipe du Japon, qui a, selon eux, gravement souffert, durant le Mondial, d’un déficit athlétique (1,73 mètre de taille moyenne pour ses attaquants, contre 1,88 mètre pour les Français). Le Japon a terminé dernier de son groupe, avec un match nul et deux défaites. De quoi faire réfléchir Shinzo Abe.

Le Point (Merci à Joe Arpaio)

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