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Une mère de famille du Vermont a décidé de cesser de consommer du sucre pendant un an. Top chrono. Qu’il soit en poudre, en cube, ou surtout camouflé dans des produits préparés, sa famille a littéralement déclaré la guerre à ce que plusieurs considèrent désormais comme un véritable poison, à la fois méconnu et surtout insidieux. Récit de 12 mois, sinon sucrés, du moins drôlement épicés.

La famille Schaub a vécu un an sans consommer de sucre et tous les membres disent se sentir aujourd’hui plus en forme.

Le récit

Eve O. Schaub raconte son aventure (car c’en fut une!) familiale dans Year of No Sugar, sorte de journal de bord truffé de réflexions à la fois alimentaires et philosophiques. Nous nous sommes entretenue avec elle pour savoir ce qui, aujourd’hui, avait changé dans la vie de sa famille. Mais d’abord, le récit de l’année.

La décision

D’abord, une mise en contexte. L’auteure se définit elle-même comme une mère de famille typique du Vermont. En bref: un poil écolo, avec une dent clairement sucrée. Les desserts, elle connaît. C’est son dada. L’est-ce toujours autant ? Vous le saurez prochainement.

Avant l’expérience réalisée en 2011, elle précise n’avoir jamais consommé ne serait-ce qu’un seul repas sans sucre…

La mère un brin granole vit donc avec son mari et ses deux filles, âgées à l’époque de 6 et 11 ans. Écrivaine, elle cherche un projet.

Si elle s’est toujours doutée que le sucre n’était pas le meilleur ingrédient du monde pour la santé, elle n’a par contre jamais soupçonné qu’il pouvait être l’un des pires. Or une vidéo diffusée sur YouTube plus de 4,6 millions de fois a littéralement «changé [sa] vie», dit-elle. «Plus de 4 millions de visionnements, c’est énorme pour un cours magistral médical!», fait-elle valoir. Précision: un cours magistral de 90 minutes, sur les effets néfastes du fructose sur le métabolisme. À vos souhaits.

«C’est en regardant cette vidéo que je me suis rendu compte que le sucre était à l’origine d’une véritable épidémie, que ce soit en matière d’obésité, de maladies du cœur, du foie, et même de plusieurs cancers. Je me suis dit qu’il fallait que je repense bien des choses dans ma vie.»

Les règles

C’est ainsi qu’est né le projet familial : un an sans sucre. Exit les bonbons, bien sûr, le chocolat, les biscuits, mais aussi tous les produits qui contiennent du sucre caché. «Nous avons banni tout ce qui contenait du fructose extrait», résume-t-elle. Car c’est ce vilain ajout de fructose, vulgarise-t-elle, qui est particulièrement néfaste pour le corps. Donc oui aux pommes, mais non au jus de pommes.

Les membres de la famille ont aussi fait une croix sur le sirop d’érable, le miel, plusieurs sortes de craquelins (!), le bacon, plusieurs pains, même des pâtes.

Sans surprise, ses filles n’ont pas tout à fait bien réagi à l’idée de ce projet. «Ç’a été la crise», écrit-elle avec humour. Mais pour acheter un peu son monde, elle a permis quelques entorses, notamment: chaque mois, la famille se donnerait le droit de manger un dessert choisi; et chaque membre de la famille se permettrait aussi un aliment sucré quotidien. Son mari a choisi la boisson gazeuse, les enfants la confiture, et elle… le vin. «C’était une décision stratégique, dit-elle, pour convaincre mon monde d’embarquer.»

Le quotidien

Le plus dur aura sans doute été de mettre le projet en route. Eve O. Schaub se revoit encore les premiers jours, à passer des heures au supermarché. «Il m’aurait fallu une loupe et un dictionnaire. Je mettais littéralement deux fois plus de temps qu’avant!» Très vite, toutefois, elle a appris à reconnaître les synonymes obscurs du sucre, découvert qu’elle n’avait plus droit qu’à une seule sorte de pain (tous les autres étant sucrés) et s’est résignée à cuisiner davantage.

Jadis peu audacieuse aux fourneaux, elle s’est mise à expérimenter (oui, la purée de bananes, ça sucre, le dextrose est un excellent substitut, et la sauce à spaghetti est aussi bonne sans avoir été sucrée…). On s’en doute, les sorties au restaurant se sont avérées épiques (le sucre se glisse jusque dans les vinaigrettes) et un voyage d’été en Italie, à la limite de la torture.

Les effets

Ça ne rate jamais. Tout le monde lui pose toujours la même question: ont-ils perdu du poids ? Non, répond-elle, parce que, fort heureusement, personne dans la famille n’avait de poids à perdre. Ses filles n’étant pas non plus hyperactives, elle n’a rien remarqué de nouveau dans leur comportement.

Mais certains signes ne trompent pas. Toute la famille a eu le sentiment d’être plus en forme. D’avoir davantage d’énergie. Simple impression?

Alors que l’année d’avant, ses filles ont raté une quinzaine de jours d’école parce qu’elles étaient malades, cette année-là, elles n’ont été absentes que deux ou trois jours, maximum.

Enfin, Eve O. Schaub affirme que plus personne dans la famille n’est désormais incapable de consommer quoi que ce soit de sucré en trop grande quantité. Le dessert familial mensuel en est le meilleur exemple. Si, le premier mois, tous l’attendaient avec impatience, dès le troisième mois, en avril, son assiette lui a donné mal à la tête. En août, personne n’a été capable de finir sa portion. Pas même les enfants. Et en septembre, Eve O. Schaub a carrément eu un malaise. Mal de tête. Mal de cœur. Ce qui constituait jadis son péché quotidien lui est soudain apparu comme beaucoup, beaucoup trop sucré. À la limite immangeable.

La morale

L’auteure écrit avec beaucoup d’humour que la chose la plus difficile à faire après une année sans sucre aura été une semaine avec sucre. La toute première semaine avec sucre, en fait. La première semaine sans règle. Ni mode d’emploi. Quoi manger ? Quoi éviter ?

«Personne ne voulait revenir à notre consommation d’avant», assure Eve O. Schaub. Non, même pas les enfants. Parce que l’année les a de toute évidence changés. Changé quelque chose dans leur goût, mais aussi dans leur conscience. Plus personne ne voit désormais le sucre de la même manière.

La famille a donc adopté des règles moins «hystériques», mais certains principes de base demeurent: on essaie de privilégier les options sans sucre (aucune raison de manger de la sauce tomate sucrée), mais mal pris, on achète du pain, qu’il soit sucré ou pas. Chose certaine, les desserts sont désormais servis dans des portions nettement plus petites, et uniquement pour marquer un événement spécial.

À Pâques, les filles ont reçu un panier rempli de petites surprises (crayons, collants, etc.) et un chocolat chacune. Savez-vous quoi? Elles ne l’ont même pas mangé en entier.

«Vous savez, je suis encore quelqu’un de fun, précise l’auteure en riant. Mais j’espère aider les gens à prendre conscience de tout le sucre qui les entoure. Et surtout, les encourager à faire des choix. Personne n’est fait de la même manière. Mais on mérite tous d’avoir accès à cette information.»

La source

Le médecin Robert Lustig, professeur de pédiatrie à l’Université de Californie et expert en matière d’obésité, a grandement inspiré Eve O. Schaub dans sa démarche.

C’est à lui que l’on doit le cours magistral, désormais viral, Sugar : The Bitter Truth, et l’un des argumentaires les plus convaincants en faveur d’une réduction draconienne de notre consommation de sucre. Le médecin américain compare carrément le sucre, tout particulièrement le fructose, à un poison, responsable de l’épidémie d’obésité actuelle.

Dans la vidéo, il vulgarise les effets particulièrement néfastes du fructose ajouté, expliquant notamment qu’il n’induit pas de sécrétion d’insuline ou de leptine, lesquels agissent normalement sur la satiété. D’où une consommation désormais démesurée, à l’origine, entre autres maux, de l’obésité.

En prime, ce fructose, jadis essentiellement présent dans les fruits (lesquels contiennent toutes sortes de belles propriétés, qui annulent son effet néfaste), est aujourd’hui non seulement partout, mais surtout dans des quantités insoupçonnées.

Partout ? Savez-vous reconnaître le sucre, dans les listes d’ingrédients des produits que vous achetez ? Pas moins d’une cinquantaine de synonymes, également néfastes pour la santé, existent.

Découvrez-en quelques-uns

  • Agave
  • Concentré de jus de fruit
  • Dextrine
  • Dextrose
  • Extrait de mal d’orge
  • Fructose
  • Glucose
  • Jus de canne à sucre
  • Maltose
  • Maltodextrine
  • Mélasse
  • Miel
  • Saccharose
  • Sirop d’agave
  • Sirop de canne à sucre évaporé
  • Sirop de fructose
  • Sirop de maïs
  • Sirop de maïs à haute teneur en fructose
  • Sirop de malt
  • Sirop d’érable
  • Xylose

lapresse.ca

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