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A 55 ans, Vicente Cordoba ne cache pas sa fierté. Le sucre complet biologique qu’il produit sur les hauteurs de Montero, au nord du Pérou, est aujourd’hui consommé en France, en Italie, au Canada et en Nouvelle-Zélande.

« Quand on a commencé, en 2000, on ne pensait pas que notre produit irait si loin », sourit le paysan. En 2013, la coopérative Norandino, dont il est membre, a exporté 751 tonnes de sucre, contre 531 en 2012.

Comme lui, 700 producteurs de la région de Piura se consacrent aujourd’hui à cette production. Ils étaient moins de 200 à cultiver la canne à sucre au début des années 2000. « A l’époque, on en faisait de la chancaca , qu’on vendait sur le marché local à 10 ou 15 sols le sac de 15 kg, un revenu très faible », confie Vicente Cordoba.

Avec l’aide des ingénieurs de l’ONG Progreso, les producteurs de Montero ont alors cherché à donner de la valeur ajoutée à leur production, en changeant le processus de transformation de la canne à sucre. « Au début, peu de producteurs se sont risqués, car il n’y avait pas de marché établi, se souvient Yeni Robledo, l’ingénieure chimiste chargée de la filière du sucre complet à Norandino. C’est là que les dirigeants d’Ethiquable sont entrés en jeu. »

Ethiquable est aujourd’hui un des acteurs importants du commerce équitable en France. En 2003, Christophe Eberhart et ses deux associés venaient de lancer cette entreprise-coopérative. Ils avaient alors décidé de parier sur le sucre complet des petits producteurs de Piura, dont ils connaissaient l’organisation. « Grâce à cette coopérative, des paysans généralement considérés comme non compétitifs sur le marché international arrivent à vivre de l’exportation », se félicite M. Eberhart.

Piura a envoyé un premier demi-conteneur de 10 tonnes à Ethiquable en 2003. Une décennie plus tard, plus de 200 tonnes partent chaque année. « Le prix du sac de 50 kg est de 110 sols », détaille Vincente Cordoba, qui dit récupérer un tiers de cette somme. Propriétaire de 2 hectares, il produit entre 180 et 200 sacs par an. Ses revenus lui ont permis d’envoyer ses enfants faire des études supérieures.

Le Monde

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