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Deux jours durant, les militants CFDT, réunis en congrès à Marseille, se sont interrogés sur le pacte de responsabilité signé par leur direction avec un Medef, prêt à le torpiller. Mais, estomaqués par le raz-de-marée du FN aux européennes, ils resserrent les rangs derrière leur secrétaire général, Laurent Berger, dont le bilan a été approuvé à 85,6 %.

“Je vous le dis franchement : je pense que le patronat ne mérite pas la CFDT. » Manches de sa chemise blanche retroussées, corps agité et débit de mitraillette, Laurent Berger se veut cash devant son auditoire du parc Chanot, pour son premier congrès à Marseille. Ulcéré par la provocation de Geoffroy Roux de Bézieux — le vice-président du Medef qui, le matin même, a menacé dans Le Figaro de sortir du pacte de responsabilité s’il n’obtenait pas, en plus des 30 milliards d’euros de baisses de chargées prévues, de nouvelles réductions fiscales du gouvernement Valls —, le secrétaire général de la CFDT tacle le manque de maturité du patronat…
Plus violemment encore, Berger, ancien travailleur social, fustige l’incapacité des responsables politiques de tous bords à construire une vision, un projet collectif mobilisateur alors même que le pays, déjà miné par le chômage de masse, asphyxié par son endettement et son manque de compétitivité économique, sombre dans un pessimisme destructeur. « Bien sûr qu’en signant un pacte de responsabilité avec un patronat qui joue les chochottes, nous avons pris un risque, s’épanche-t-il en conférence de presse. Je ne l’ai jamais caché. Mais dans deux ans, si l’on ne tente rien, qui sait si la démocratie ne sera pas menacée par un parti qui nie nos valeurs les plus chères ? »…
« Cette fois c’est bien plus grave que ne l’admet la direction du PS, met en garde René Briesch, un Lorrain, ancien président du Comité économique et social européen, Les électeurs qui ont voté Front national, ne l’ont pas fait pour protester. 97% adhèrent à ses thèses nationalistes et sa dénonciation de l’immigration ! » La faute, selon son voisin métallo, à ce marché du travail calamiteux, à ces impératifs de production qui sans cesse mettent en concurrence ouvriers et employés entre eux, ravinant leur solidarité, aiguisant leurs jalousies. « Plutôt que de jouer les marioles, le Medef ferait bien se méfier des prochaines échéances, prévient un cadre de l’industrie. Sans changement radical, rien n’arrêtera plus le FN. » De la base au sommet, la CFDT resserre donc les rangs derrière Laurent Berger pour pouvoir jouer un rôle de « digue démocratique »
Marianne
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L’ancien secrétaire général de la CFDT vient d’être intronisé inspecteur général des affaires sociales. Il percevra 7 257,55 euros net par mois.

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