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Le défilé des organisations de jeunesse contre le FN n’a pas connu le succès des mobilisations qui ont suivi le 21 avril 2002. Le parti de Marine Le Pen rencontre même un succès croissant chez les jeunes. Pour le politologue Vincent Tournier, si on ne peut parler d’un engouement, il y a bien une certaine attirance des jeunes pour le FN. Il souligne que l’identité de la majorité (autochtone) devrait être respectée.

Le fait que les jeunes ne se soient pas allés voter alors que tout indiquait que le FN allait faire un très bon score est déjà un signe. Cela incite à penser que le statut du FN a effectivement changé. […] Il n’est plus le parti-repoussoir qu’il a pu être dans le passé.

Au-delà du sentiment de déclassement, le vote FN chez les jeunes est-il également motivé par des ressorts identitaires? Lesquels ?
Jusqu’à présent, l’identité a surtout été envisagée sous l’angle des minorités, perçues comme des victimes. Cette perspective n’est pas fausse, mais au nom de quoi faut-il sortir la population majoritaire de ce raisonnement ?

La littérature sur le multiculturalisme montre bien cette hémiplégie. Les théoriciens soulignent volontiers que l’identité est une composante majeure de la personnalité, qu’elle doit donc être respectée sous peine d’infliger de grandes souffrances aux individus. C’est toute la question de la reconnaissance, défendue notamment par le philosophe canadien Charles Taylor. Mais Taylor ne pense qu’aux minorités, il n’intègre jamais dans son raisonnement la nécessité de respecter l’identité de la population majoritaire. L’hypothèse que cette identité puisse être à son tour blessée ne lui vient pas à l’esprit. D’ailleurs, il ne donne aucune indication sur la manière de concilier les différentes identités.
J’ajouterai également que, sur ces questions d’identité, le point nouveau est probablement qu’on voit apparaître ce qu’on pourrait appeler une xénophobie libertaire. Je veux dire par là que, jusqu’à présent, la xénophobie s’appuyait essentiellement sur des valeurs traditionnalistes, axées sur l’ordre et l’autorité. Aujourd’hui, la situation est un peu différente.

L’hostilité envers les immigrés est aussi revendiquée au nom de la préservation d’un certain art de vivre: il s’agit de s’opposer à des cultures qui sont jugées menaçantes pour la liberté des mœurs, pour les grands acquis libéraux relatifs au divorce, à l’homosexualité, à l’avortement, etc.

Prenons le cas des Roms. Dans une note publiée en mars dernier, le sociologue Julien Damon a soulevé un problème très intéressant à propos de la mendicité des enfants. Comment peut-on accepter une telle situation? Est-ce du racisme que de s’insurger face à cette exploitation, à l’heure où l’on revendique la nécessité de protéger les enfants ?
On peut donc se demander si on n’assiste pas à une recomposition de l’identité nationale, avec l’émergence d’une critique de l’immigration non pas au nom des valeurs traditionnelles, mais au nom des valeurs mêmes de la post-modernité, brouillant ainsi les schémas classiques. […] Le Figaro

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