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En 2005 les plus graves émeutes dans l’histoire des banlieues françaises. Lancé il y a dix ans, un programme de «rénovation urbaine» a métamorphosé le quartier du plateau de Clichy-sous-Bois et Montfermeil (Seine-Saint-Denis). 670 millions d’euros ont permis de détruire 1.400 logements, d’en rénover 2.762 autres et d’en faire sortir de terre 1.209 neufs. Et de résoudre le casse-tête des immenses copropriétés dégradées et en faillite, dont il a fallu racheter les appartements un à un, pour les détruire ou les transformer en logements sociaux.

Pour le chercheur Renaud Epstein, Clichy-Montfermeil est même un bon exemple de «l’échec de la rénovation urbaine du point de vue de la mixité sociale »: « des petites maisons coquettes et de petits immeubles à la place des tours moches », cela ne suffit pas à «faire venir d’autres populations».

Mais malgré l’ouverture d’un commissariat, premier signe du retour de l’Etat, puis d’une agence Pôle emploi en février, la rénovation urbaine n’a pu gommer toutes les difficultés.
Le relogement visait “à apurer les difficultés financières” de personnes appauvries par des charges communes démesurées, rappelle la sociologue Sylvaine Le Garrec, qui travaille pour l’association des responsables de copropriété, mais certains “se retrouvent à nouveau avec des problèmes“. Leur appartement “a été racheté au moindre coût” par la puissance publique — 20.000 à 30.000 euros pour des 60 m2. Pas assez pour apurer leurs dettes.
Pour d’autres, la famille s’est agrandie, et la rénovation s’est traduite par un appartement plus vaste et plus cher. Certains encore ont été surpris par les compteurs d’eau individuels, qui peuvent faire flamber la facture.
Quant à la mixité sociale, elle tarde. “Pour les constructions nouvelles, on visait 60% de logements locatifs sociaux, notamment pour reloger les habitants du quartier” et 40% d’autres logements. Ce dernier objectif “n’est pas encore atteint et il mettra encore quelques années à être réalisé“, constate Thierry Asselin, directeur opérationnel à l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru).
Certains ont gardé leurs mauvaises habitudes, jettent leur déchets par la fenêtre, déplore Idriss Djocu, gardien d’immeuble, même s’il juge qu’il y a moins d’incivilités et surtout “une autre ambiance que dans les cités“.
Pour éviter de “retomber”, les bailleurs sociaux font assaut de pédagogie, et une part de l’enveloppe de la rénovation – trop faible selon plusieurs acteurs – va à l’accompagnement social. Une partie de ces fonds expire fin 2014.
On s’est occupé de l’urbain, pas de l’humain“, dénonce l’adjoint au maire de Clichy Medhi Bigaderne, de l’association ACLEFEU née avec les émeutes. “On a replacé les mêmes populations avec les mêmes difficultés dans ces logements“. […] Le Point
——- Complément : Jacques Marseille en 2009 sur la mixité sociale.

« La mixité sociale ? Ca ne marche absolument pas. La ghettoïsation de la société française est en marche : les gens se fuient mutuellement. Toute famille française qui veut un avenir pour ses enfants et qui veut un bon voisinage, elle se sauve ! Tous les gens des classes moyennes de Sarcelles et de Montfermeil, ils n’ont qu’une envie, c’est de se tirer. »

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