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Le 12 septembre 2013, le ministère de l’éducation nationale annonçait que le niveau des élèves à la sortie de l’école maternelle avait largement progressé entre 1997 et 2011. La nouvelle était de taille puisque c’était la seule amélioration de niveau observée depuis une vingtaine d’années dans le système éducatif français. Pour vérifier si les élèves avaient capitalisé sur ces acquis précoces, la direction de l’évaluation du ministère, la DEPP, a réinterrogé dans la foulée ces mêmes enfants, alors en CE2. Et pour que le comparatif soit aussi temporel, ils les ont soumis aux mêmes exercices que leurs aînés quatorze ans plus tôt.

En mathématiques, leur niveau n’a progressé qu’en technique de la soustraction. Il est globalement stable en calcul et en mesure. En revanche, les figures géométriques, la résolution de problèmes, la gestion des données d’un tableau, le rangement des nombres sont nettement moins bien maîtrisés aujourd’hui qu’en 1999.

Ces tests révèlent globalement une situation plus inquiétante en mathématiques qu’en maîtrise de la langue. Il y a quatorze ans, 40 % des élèves résolvaient correctement la série de problèmes proposés. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 32 %. La directrice de la DEPP, Catherine Moisan, qui est aussi agrégée de mathématiques, estime que les copies des élèves pointent des lacunes en « conscience des nombres ». Aujourd’hui, seuls 65 % des enfants de CE2 savent comparer 200 + 70 + 5 et 200 + 40 + 5. « Il faut se demander si les enseignants ont assez d’outils à leur disposition », lançait Mme Moisan en présentant ces résultats.

Avec la publication de ces résultats s’évanouissent les espoirs d’une hausse du niveau. C’est plutôt une baisse qui prévaut en français et en mathématiques. Les enfants nés en 2005 obtiennent les mêmes scores que ceux nés en 1991 en compréhension des consignes et des textes faciles ou en reconnaissance de mots. En revanche, ils sont moins à l’aise avec un texte court contenant de l’implicite, connaissent moins de vocabulaire, maîtrisent moins bien l’orthographe.

« Travailler de façon plus scientifique la compréhension »

Question d’autant plus cruciale que la très grande majorité des maîtres du primaire sont de formation littéraire. Pour Rémi Brissiaud, chercheur à Paris-VIII sur l’enseignement des maths, la mode de la récitation de la frise numérique en maternelle (1, 2, 3, 4…) brouille les cartes et laisse croire à tort qu’un enfant qui compte bien a conscience de ce qu’est un nombre. Pour Jean-Paul Fischer, professeur en psychologie du développement à l’université de Lorraine, s’ajoute le problème du temps consacré à la discipline qu’il estime « trop faible ». En CP et CE1, les élèves font 5 heures hebdomadaires de mathématiques contre 10 heures de langage…

En français, les évaluations de CP avaient montré que ces enfants étaient entrés en primaire avec un bon niveau en décodage (B + A = BA). Malheureusement, cela n’a rien changé sur leur compréhension de textes difficiles. Cette déficience est un vrai problème sur lequel 20 % des jeunes Français butent dans toutes les évaluations nationales ou internationales.

La tentation de revenir à une maternelle plus ludique serait une erreur, d’après les travaux de Maryse Bianco, maître de conférences à l’université de Grenoble. Pour elle, mieux on décode, plus on lit et plus on lit, mieux on lit… Un avis partagé par Michel Fayol. Depuis son laboratoire de psychologie sociale et cognitive de l’université de Clermont-Ferrand, ce spécialiste des apprentissages insiste aussi sur le fait que « les progrès de ces dernières années en décodage sont essentiels car c’est un passage obligé pour entrer en lecture ; mais l’enquête sur les CE2 nous montre que pour faire de bons lecteurs, il va falloir travailler de façon plus scientifique sur la compréhension des textes et le vocabulaire ».

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