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Les passeports officiels coûtaient entre 2.000 et 5.000 euros. «Au moins neuf clandestins, pour la plupart syriens, ont ainsi pu pénétrer en Allemagne entre 2010 et 2013», a expliqué le porte-parole de la police berlinoise, Jens Schobranski, après la découverte de ce trafic d’un genre nouveau. A la tête de l’affaire, une entreprise de pompes funèbres du quartier à forte minorité turque de Neukölln, dans la capitale allemande.

La petite société, spécialisée dans les inhumations de rite musulman proposait aux familles éplorées un service «clé en main», prenant en charge l’ensemble des démarches administratives. Les passeports des défunts étaient tout simplement conservés et revendus à des réfugiés, prêts à porter l’identité d’un mort. «Les passeports, couplés à une autorisation de travail en Allemagne, étaient attribués à des individus ressemblant à la personne décédée», a précisé la police. Une fois en République fédérale allemande, les réfugiés se faisaient enregistrer auprès des autorités locales, grâce à la complicité d’une employée de l’État civil, confondue par écoute téléphonique.

Le coup de filet de la police a eu lieu après une dénonciation anonyme. Une vaste perquisition, portant sur une vingtaine d’appartements et de locaux commerciaux dans plusieurs arrondissements de Berlin et impliquant 120 policiers, a permis de saisir une cinquantaine de passeports allemands, mais aussi marocains, égyptiens et libanais, conservés dans une valise.

Le directeur de l’entreprise de pompes funèbres, Ahmad D., ainsi que trois complices, visiblement prêts à coopérer avec les enquêteurs, ont été laissés en liberté. Sur le site internet de son entreprise – une boutique ordinaire et sobre derrière une façade carrelée de vert– Ahmad D., 53 ans, pose en tenue traditionnelle et barbe blanche. Derrière lui, une photo de La Mecque… Le site reprend quantité de sourates du Coran ayant rapport à la mort. Selon les enquêteurs, Ahmad D. organisait lui-même la venue des clandestins.

«C’est une méthode entièrement nouvelle, que nous n’avons encore jamais rencontrée dans le reste du pays», relève Franck Worm, qui dirige la cellule d’enquête «passeurs» de la police criminelle de Berlin.

Libération

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