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Il reste moins d’un mois avant la Coupe du monde 2014, mais il n’est pas trop tôt pour commencer à ressentir des émotions intenses pour l’édition 2022. Plus particulièrement, de la colère.
C’est le sentiment que j’ai eu en regardant l’excellent documentaire du programme E:60 d’ESPN sur le désastre en termes de droits de l’homme qui est en train d’avoir lieu à huit ans du Mondial qatari…
En plus d’avoir interrogé des veuves de travailleurs immigrés népalais, le journaliste Jeremy Schaap a voyagé au Qatar et a emmené des caméras non-autorisées filmer les conditions de vie sordides des travailleurs entassés. D’autres journalistes ont été détenus par la police pour avoir essayé de filmer dans ces grands ensembles délabrés.

Ces images terribles et les interviews individuelles avec des parents endeuillés sont en elles-mêmes assez rageantes, mais le documentaire en vient ensuite aux chiffres. Le Qatar a une très petite population (environ 280.000 citoyens) et la Coupe du monde est un projet énorme. La plupart des travaux pour construire l’infrastructure et les huit à 12 stades ultramodernes seront effectués par les 1,4 million de travailleurs migrants du pays.
L’année dernière, 184 travailleurs migrants népalais sont morts, principalement à la suite de «morts cardiaques subites» dues aux terribles conditions de travail et à l’extrême chaleur, selon ESPN. L’ambassade népalaise au Qatar affirme que 400 travailleurs sont morts sur des projets liés à la Coupe du monde depuis 2010. Et il s’agit seulement des Népalais.
Le Qatar importe aussi des travailleurs d’Inde, du Pakistan, des Philippines et d’ailleurs. L’Inde a rapporté que 500 de ses citoyens sont morts au Qatar depuis 2012.
Sharan Burrow, le secrétaire général de la Confédération syndicale internationale (CSI), affirme dans le documentaire qu’au rythme actuel, 4.000 personnes vont mourir pour que la Coupe du monde 2022 devienne une réalité. Un rapport de la CSI de mars dernier estimait que 1.200 migrants étaient déjà morts au cours des quatre années qui se sont écoulées depuis que le petit Etat pétrolier du Golfe s’est vu attribuer la Coupe du monde après une décision louche et surprenante. En regardant cette vidéo du président de la Fifa Sepp Blatter affirmant qu’«il n’y a pas le moindre doute sur le fait que la Coupe du monde va être organisée au Qatar», et il est difficile de ne pas atteindre un niveau de colère maximal.

Tous ces abus sont possibles à cause de la kalafa, système qui a été décrit à juste titre comme de l’esclavage moderne. En application de la kafala, les employeurs ont le droit de confisquer le passeport et le visa de sortie d’un travailleur migrant, l’empêchant ainsi de quitter le pays…

Slate

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