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Le brouillard électromagnétique émis par les grandes villes empêche les rouges-gorges de se repérer correctement, révèle pour la première fois une étude.

Les ondes électromagnétiques émises par les grandes villes empêchent presque totalement la “boussole interne” des rouges-gorges de fonctionner, ce qui perturbe considérablement leur navigation lorsqu’ils survolent nos agglomérations. En effet, comme les autres oiseaux migrateurs, les rouges gorges se repèrent lors de leurs migrations grâce au champ magnétique terrestre. Cette conclusion a été publiée le 7 mai 2014 dans la revue Nature.

Selon les auteurs de l’étude, les ondes électromagnétiques en cause ne proviendraient pas des téléphones portables ni même des lignes à haute tension comme on pourrait le penser a priori, mais des ondes émises par les équipements électroniques professionnels domestiques et les équipements radio AM (modulation d’amplitude).

Pour parvenir à ce constat, le biologiste allemand Henrik Mouritsen (Université de Oldenburg, Allemagne) et ses collègues ont étudié les directions de migration empruntées par les rouges-gorges peuplant le campus de l’université de Oldenburg. Afin de mettre au jour les directions de migration des rouges-gorges présents à cet endroit, les scientifiques ont utilisé des petites cages tapissées de papier et fermées par un filet, dans lesquelles des rouges-gorges étaient disposés : en période de migration (printemps et automne), les rouges-gorges situés dans ces cages sautillaient pour s’envoler en laissant des traces sur le papier avec leurs pattes. Des traces dont l’analyse a permis aux auteurs de l’étude de mesurer la direction moyenne empruntée par les volatiles lorsqu’ils essayaient de partir.

Dans un premier temps de l’expérience, les cages utilisées étaient simplement constituées de bois et de papier. Une configuration dans laquelle les rouges-gorges ont emprunté des directions de migration… totalement aléatoires.

Puis, dans un second temps de l’expérience, les scientifiques allemands ont tapissé les cages de feuilles d’aluminium. Un dispositif permettant de se prémunir de l’effet des champs magnétiques variables, c’est-à-dire de ceux émis par les appareils électroniques, mais pas du champ magnétique émis par la Terre, lequel rappelons-le est nécessaire au rouge-gorge pour s’orienter.

Résultat ? Dans cette deuxième configuration, les rouges-gorges se sont mis à décoller dans la bonne direction de migration.

Dans un troisième temps de l’expérience, les scientifiques allemands ont effectué la même manipulation non pas cette fois sur le campus de l’université, mais dans une zone située à l’extérieur de la ville. Verdict : les rouges-gorges se sont correctement orientés, avec ou sans feuille d’aluminium. Ce qui suggère que l’influence sur la boussole interne des rouges-gorges des ondes électromagnétiques issues de l’activité humaine reste localisée aux grandes villes.

Il est à noter que l’intensité du champ magnétique issu des appareils électroniques était, lors de l’expérience menée sur le campus, extrêmement faible : en effet, cette intensité était 50 fois moins élevée que celle du champ magnétique terrestre. Or, ceci surprend les scientifiques : en effet, comment expliquer qu’un champ magnétique aussi faible puisse désorganiser à ce point le système de navigation interne des rouges-gorges ?

Si le mécanisme à l’origine de cette désorientation devra donc être exploré plus en détail lors de prochaines expériences, ce premier résultat montre en attendant qu’un champ électromagnétique d’intensité très modérée est capable d’avoir un effet scientifiquement mesurable sur des vertébrés.

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Notes :

Ces travaux ont été publiés le 7 mai 2014 dans la revue Nature, sous le titre “Anthropogenic electromagnetic noise disrupts magnetic compass orientation in a migratory bird” .

Le Journal de la science

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