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Vox populi, vox dei ? s’interroge Gilles Hertzog après la poussée du FN aux municipales. Il estime que «si tous les candidats FN n’ont-ils pas été élus, le tsunami n’en a pas moins eu lieu». Gilles Hertzog est Directeur de la Publication de la Règle du Jeu/
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Au-delà de l’exaspération, et alors même que ses électeurs savent sciemment que le FN n’est en rien une solution au chômage, à la Crise et au reste, qu’il serait incapable de gouverner la France, que ce serait une catastrophe pour le pays et eux-mêmes, ce rassemblement des égarés, passant outre à ce constat sans appel et à rebours de toute considération rationnelle, exprime, sans presque plus le dissimuler, un vieux fond de saloperie humaine.

Quand, dédaignant le Front de Gauche, son représentant naturel et son “intellectuel organique” théorique, la moitié de l’feu-classe ouvrière vote pour le Front national, quand le Nord, ce bastion socialiste de toujours, quand les fils et petits fils des mineurs de l’ex-forteresse ouvrière, les héritiers des gueules noires de la grande grève de 1941 en pleine occupation nazie, quand, dans les profondeurs les plus ancrées de la France populaire, la moitié du “pays réel” cher à Charles Maurras passe outre à la tradition révolutionnaire et républicaine et met le parti de Jean-Marie Le Pen et sa fille en tête,

peut-on encore soutenir que le peuple, en dernière instance, «voit juste et a toujours raison» ?

Peut-on tout mettre sur les mauvais bergers, les joueurs de flûte malins invitant au pire les masses abusées ? Sur fond de lutte des classes et son détournement, le FN, nouveau chien de garde du désordre établi, trompe-t-il à son profit des masses désemparées en leur désignant des boucs émissaires tout trouvés, l’immigré, le bobo, les «cosmopolites», les élites auto-reproductrices, l’égoïsme sacré des privilégiés, l’Europe de Bruxelles et d’Angela Merkel ? […] Prennent peu à peu le commandement de millions d’âmes la boue, la haine affichée de l’autre, la peur des différences, le goût de la tribu et de l’entre-soi, la passion d’exclure et la fin du partage. Cela s’appelle la Tentation totalitaire. […] C’est cette étrange défaite, comme disait Marc Bloch, qui semble gagner cette France moisie et décliniste que dénonçait en son temps Philippe Sollers. Il y a des maladies de l’âme et des maladies du corps social, qui se rejoignent en un précipité menaçant le lien social lui-même. Tous ne sont pas également atteints, comme disait La Fontaine, mais tous sont menacés. La France est malade. Une partie du peuple français est malade. […] La Règle du Jeu

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