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La fameuse “approche globale”, développée dans les ZSP, est-elle efficace ? Quel est l’impact sur la population de ce concept sécuritaire censé nettoyer les 39 cités marseillaises du trafic de stups ? En octobre dernier, la préfecture de police décidait d’en avoir le coeur net. Elle commandait donc un rapport à un policier retraité, Serge Supersac, afin d’observer son effet à l’échelle d’un quartier.

Le choix s’arrêtait sur Frais-Vallon (13e) pour un examen de deux mois et demi. Le 20 décembre dernier, le chercheur remettait ses conclusions de 53 pages au préfet et l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux (ORDCS) les mettait en ligne sur son site internet. Quelques semaines seulement… Un coup de fil du cabinet exigera qu’il soit immédiatement retiré… (Note FDS : Le rapport est disponible ici)
Outre son aspect endémique, Serge Supersac a pu constater sur le terrain que le trafic s’adaptait parfaitement aux diverses opérations de police. “La population a appris à vivre avec. Il fait partie du quotidien, observe-t-il. Surtout qu’après l’héroïne, l’arrivée du cannabis a été considérée comme un mieux”. Dans un souci de bon voisinage, les “choufs” aident régulièrement les mères de famille à monter leurs courses.
Plus grave, Serge Supersac raconte qu’à la suite de l’interpellation d’un chef de réseau, son remplaçant avait décidé de faire des économies en réduisant le nombre de guetteurs. Pour limiter les accès désormais sans surveillance, il avait aussi verrouillé les portes des escaliers, mettant ainsi en danger les riverains, notamment en cas d’incendie.
“On se rend compte que les CRS n’ont pas de consignes précises. Alors qu’ils doivent lutter contre les trafics, ils font aussi des contrôles routiers, souligne-t-il. Il n’y a pas de véritable dialogue. Du coup, personne ne comprend vraiment ce qu’ils font là.
Sollicitée au sujet de la censure de ce rapport qu’elle avait pourtant commandé, la préfecture de police estime que “le résultat de cette étude n’a pas répondu à la demande initiale, à savoir connaître le ressenti de la population de Frais-Vallon par rapport à l’approche globale”.
“L’étude produite comportait essentiellement le propre avis de M.Supersac sur la façon notamment d’organiser la police marseillaise, argumente la préfecture. Il n’y a quasiment pas d’éléments objectifs chiffrés et argumentés sur l’impact de l’approche globale auprès des habitants de ce quartier, affirme le cabinet du préfet. Dès lors, ce rapport n’avait pour nous pas d’utilité. Par ailleurs, il s’agissait d’une commande pour disposer d’un outil de travail interne qui n’avait nullement vocation à être publié”.
Mais comme le préfet de police est toujours “soucieux d’évaluer le dispositif mis en place dans les ZSP”, il a d’ores et déjà lancé des démarches “pour faire réaliser une évaluation de l’approche globale par une ou plusieurs entités neutres et extérieures au périmètre policier”. “Ce sont pourtant eux qui sont venus me chercher, rétorque Serge Supersac. Mais manifestement, ils se sont trompés. En voyant mon passé de policier, ils ont pensé que je rentrerais dans le rang. J’ai réalisé un travail objectif, qui n’était pas destiné à faire plaisir à qui que ce soit.
La Provence

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